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7 erreurs passées et 7 candidats aujourd'hui pour continuer ou changer? |
Les
piètres performances actuelles de l’économie française viennent de
loin. Pour comprendre, il faut remonter 25 ans en arrière, au début des
années 90. Et c’est un jeu des 7 erreurs que nous proposons ici, 7
erreurs de pilotages majeures qui nous expliquent les problèmes
structurels de l’économie française d’aujourd’hui.
Première erreur: La
première, sous l’ère Mitterrand, c’est la politique trop rigide du
franc fort. Après avoir obtenu, l’accord allemand pour aller vers
l'Union monétaire, les autorités françaises ont arrimé le franc au
deutschemark. Avec le recul, l’erreur est manifeste ! La réunification
déclenche une inflation outre-Rhin et pousse la Bundesbank à durcir sa
position. Les taux courts allemands grimperont jusqu’à 9,5% en 1992.
Malgré une inflation deux fois plus faible en France, le pays impose des
taux inadaptés à son économie afin d’éviter une fuite des capitaux et
surtout pour ne pas décrocher du deutschemark. Les taux réels flambent,
étranglent les entreprises, les poussent à se désendetter et laminent
l’investissement. Mais surtout, la peseta espagnole, la lire italienne
puis la livre britannique sont dévaluées, alors que le franc continue de
vouloir coller à la devise allemande. Ce choix va être payé au prix
fort dans la décennie 90 et au-delà: la perte de compétitivité entraine
la dégringolade des filières françaises dans les produits de
consommation : le textile, l’habillement, la chaussure,
l’électroménager, l’électronique grand public ne s’en relèveront pas.
Ultime avatar du franc fort, la devise nationale s’intégrera dans l’euro
à un niveau surévalué que nous payons encore aujourd’hui, puisqu’il
n’est plus possible de s’ajuster par une dévaluation.
La
deuxième erreur est fiscale, et il nous faut revenir ici sur le traité
de Maastricht. On pourrait certes discuter sans fin du bien-fondé des
fameux critères choisis pour aller vers l’euro mais ce qui importe ici,
c’est le chemin suivi par le gouvernement Juppé pour les respecter, et
notamment le fameux 3% de déficit public En 1995, les comptes publics de
la France sont dans le rouge. Deux ans plus tard, le défi est relevé,
mais plutôt que de réduire les dépenses publiques, la décision politique
se porte sur une violente pression fiscale comme le montre l’explosion
du taux de prélèvements obligatoires. La consommation est cassée et la
croissance rechute.
La troisième
erreur est géo-économique : industriels, experts économiques, hommes
politiques, prennent mal la mesure de la chute du rideau de fer et du
déplacement du centre de gravité vers l’Est, notamment vers un pivot
germanique, qui trouve juste à sa porte, dans les anciens pays
communistes, une main d’œuvre bon marché. Les industriels allemands vont
très vite saisir l’aubaine, et tirer le meilleur parti de leur avantage
géographique à proximité des PECO : leur industrie met progressivement
en place une économie de bazar, intégrant à ses chaînes de valeur une
sous-traitance low cost. Cette stratégie va booster la compétitivité de
l’industrie allemande qui va non seulement partir à la conquête du
monde, mais aussi gagner des parts de marché au détriment des autres
pays européens.
Quatrième erreur majeure, les 35h. Je n’évoquerai pas ici leur impact sur l’emploi, que même
les économistes ne parviennent toujours pas à le mesurer
rigoureusement, mais des mesures qui ont encadré la réduction du temps
de travail. Rappelons seulement que pour inciter les entreprises à
anticiper le passage aux 35 heures, Martine Aubry avait mis en place à
partir de 1998 des allégements de charges de compensation, ce qui a
souvent permis aux industriels de restaurer leurs marges sans toujours
faire l’effort d’améliorer leur compétitivité. Le hic, c’est qu’après le
coût du travail explose au moment même où l’Allemagne de Gerhard
Schroeder avec les lois Hartz et l’agenda 2010 met les bouchés doubles
pour renforcer la sienne et choisit résolument une stratégie de montée
en gamme. Bien vu, d’autant que la mondialisation s’accélère et que se
profile l’entrée de la Chine dans l’OMC fin 2001.
Cinquième
erreur, l’histoire de la cagnotte sous le gouvernement de cohabitation
Chirac-Jospin. Peu s’en souviennent, mais le président Chirac déclare
lors de son interlocution du 14 juillet 1999, « Nous avons depuis deux
ans une croissance qui fait que nous avons énormément d'argent dans les
caisses. Il faut tout le talent du ministère des Finances pour masquer
le phénomène. Il faut rendre aux Français une part de ce que l'on leur a
pris » Bilan, on soutient la demande, et pas un centime ne va au
désendettement privant le pays d’une marge de manœuvre en cas de
retournement de conjoncture. Cette erreur coutera cher à la France entre
2008 et encore aujourd’hui.
Sixième
erreur, elle est récurrente : concentrer la baisse des charges sur les
bas salaires: La politique française d’exonérations de cotisations
sociales sur les bas salaires n’a cessé de se renforcer depuis les
premiers dispositifs mis en œuvre en 1993. Or, si l’on pense que
l’économie française souffre d’un mauvais positionnement de gamme, que
la croissance des salaires et de la demande intérieure doit se bâtir sur
un socle solide de productivité et non sur des hausses de SMIC
décrétées d’en haut, force est de constater que cette propension
française à subventionner le travail peu qualifié est une aberration.
Enfin
7ème erreur, commune aux gouvernements Sarkozy et Hollande : laisser
l’Allemagne imposer son mode de régulation depuis la crise financière,
sur la base d’une orthodoxie budgétaire rigide, et surtout d’une
déflation salariale et d’une concurrence fiscale pour retrouver le
chemin de la compétitivité. Le constat, c’est un appauvrissement
généralisé de l’Europe, particulièrement sensible en France et dans les
pays du sud.
Alexandre Mirlicourtois, Les 7 erreurs économiques majeures de la France, une vidéo Xerfi Canal TV
où l'on voit que le quinquennat hollande aura pour l'essentiel servi à corriger le tir sur qq points parmi ceux de son lourd héritage...
RépondreSupprimerdouloureux et peu populaire, le bon sens voudrait qu'il laisse la droite terminer le travail pour préparer le retour de la gauche en 2022? c'est en tout cas le probable objectif des mélanchon et autres macron?