27/09/2015

Chômage : de l’état omnipotent à l’état impuissant


 
L'annonce de l’augmentation du chômage a fait l’effet d’une bombe. Le gouvernement espérait une baisse. Ce chiffre va relancer le débat sur le socialisme, la social-démocratie et la sociale-libérale – débat stérile mais dont sont friands les Français. Le chômage, faut-il le rappeler, est la préoccupation majeure des Français depuis la fin des années 1980. Gouvernements de droite et de gauche ont rivalisé d’imagination et de mesures pour mettre fin à cette plaie douloureuse. En voici un résumé :
• Raymond Barre :  Pacte pour l’emploi des jeunes.
• Laurent Fabius :   Travail d’utilité collective.
                             Stages d’initiatives à la vie professionnelle.
• Jacques Chirac :  Allègement et exonérations de charges.
• Michel Rocard :    Contrat emploi-solidarité.
• Alain Juppé :        Emplois jeunes.
• Lionel Jospin :      Lois Aubry I et II.
                             Lois de modernisation sociale.
• Jean-P Raffarin : Contrat jeune en entreprise.
                            Contrat d’insertion dans la vie sociale.
• François Fillon :  Contrat d’autonomie.
• Jean-M Ayrault : Contrat d’avenir.
En 1975, il y avait 773.000 chômeurs en France métropolitaine. (1) Ils représentaient 3,4% de la population active. Vingt ans plus tard, leur nombre est monté à 2.649.000. Ils sont 3.026.000 à fin 2014 (10,2%). Visiblement, le résultat n’est pas à la hauteur des attentes des Français. Qui a oublié cette phrase de François Mitterrand : "Dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé". Ce commentaire qui n’est pas sans rappeler le "toucher royal", (2) émane de cette notion très française de la toute-puissance de l’Etat. Rationnel et équitable, l’Etat assure le développement économique de la nation. Cette vision a son corolaire. Si l’économie est la responsabilité de l’Etat, le chômage est son échec. A-t-on tout essayé, comme le dit Mitterrand ? Oui… sauf les mesures qui libèrent les énergies créatrices, accroissent la productivité, modèrent les coûts salariaux, et réduisent le coût de fonctionnement de l’Etat. Ce sont les seules capables d’inverser la courbe du chômage dans une économie mondialisée, hyper-compétitive, et en évolution constante. Quelles sont-elles ? Nous les connaissons grâce aux rapports Attali, Gallois, Enderlein-Pisani-Ferry, à ceux de la Cour des comptes, de la Commission européenne, de l’OCDE, du FMI et de nombreux instituts privés. Globalement, leurs conclusions concordent.
Le présent gouvernement a pris des mesures : crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), pacte de responsabilité, simplification de la réglementation, réforme territoriale, loi Macron, réforme du dialogue social, etc. (3) Mais elles sont insuffisantes au regard du défi auquel la France fait face. Ces réformes nous sont imposées par la mondialisation. Certes, les textes bruxellois nous obligent – avec notre consentement – à modifier notre politique mais ils ne font qu’entériner des décisions qui s’imposent à l’Europe en raison du formidable bouleversement que le monde connaît depuis un quart de siècle. Chacun peut penser ce qu’il veut de la mondialisation, mais imaginer que nous n’y sommes pas sujets, comme des politiciens de (l’extrême) droite et de (l’extrême) gauche tentent de nous le faire croire est une imposture qui conduit à une impasse.
(1) Au sens du Bureau international du travail (BIT).
(2) "Le roi te touche, Dieu te guérit". Par ses mots, symboles de la puissance divine des rois de France, le malade est guéri des écrouelles.
(3) Notons que le gouvernement a dû avoir recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire voter cette loi qui ne change pas fondamentalement le paysage socio-économique français.
 

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