Alexis Tsipras a échoué et son projet de référendum est sa dernière carte. Comme au poker, il aura conduit la Grèce à la faillite en racontant des histoires à ses électeurs. Que le Grèce reste dans l’euro ou en sorte. Le gouvernement grec est condamné.
A
quelques jours de la fin du film sur la Grèce, Alexis Tsipras sait
qu'il est fini. Il a échoué. Il a préféré être fidèle à son premier
cercle d’amis plutôt qu’à la Grèce en essayant de la sauver du chaos. Otage
des hommes de Syriza, il a fini par jouer la politique du pire. Alexis
Tsipras et ses amis ont été élus avec un bouquet de promesses qu’ils
n’ont pas pu réaliser. Ils avaient promis moins de dettes, plus
d’activité, plus d’investissements : c’est raté.
Alexis Tsipras a échoué
parce qu’il pensait faire plier et payer les Européens. Il pensait "en
homme politique". Il avait fait de la situation une analyse politique
des rapports de force et il pensait que ces rapports de force étaient en
sa faveur. Il s’est trompé. Les Européens font de la politique mais ils
ont eux aussi des mandats politiques à respecter. Ces mandats
sont faits de contraintes techniques, juridiques et financieres. Alexis
Tsipras et ses amis ont complètement sous-estimé le fait que les
Européens aussi ne pouvaient pas bouger plus qu'ils ne l’ont fait.
Fort de cette analyse
politique, il vient de jouer à fond sa dernière carte, celle du
référendum. De plus, il commet cette incongruité de recommander le vote
du "non". Cette dernière partie de poker est incompréhensible. Il remet
les clés du pouvoir au peuple alors que le peuple l’a porté au pouvoir à
une très forte majorité, il y a trois mois.
Pour beaucoup
d’observateurs, ce référendum va soit suicider le gouvernement, soit
tuer l’économie grecque et les ruiner. Les deux scenarios sont
catastrophiques.
Le premier scénario suppose très logiquement que le "non" au programme de redressement et à l’euro l’emporte. Dans ce cas, la Grèce est mise en situation de défaut de paiement du FMI, de la Commission et des Etats.
La BCE ne pourra
plus, juridiquement, perfuser les banques grecques et leur apporter de
la monnaie. Les banques seront mises en faillite automatiquement le
lundi 6 juillet. Si les banques sont en faillites, les entreprises ne
seront plus alimentées, l’Etat ne pourra plus payer ses fonctionnaires
et ses retraites. La Grèce sera sortie de la zone euro.
Il lui faudra reconstituer
son système monétaire. Mais comme Alexis Tsipras, élu sur un tel
scénario de rupture n’y croyait pas, il n’avait rien préparé. La Grèce
va sombrer dans une sorte de chaos avec des risques de contagion que
personne ne sait évaluer. La plupart des pays de la zone euro se sont
préparés à l’abandon des dettes et à la perte que cela représente. Pour
la France, environ 50 milliards d’euros. Mais la plupart ont éliminé les
liens avec la Grèce.
Le deuxième
scenario pourrait s’écrire à partir d’une majorité de "oui" à l’Europe,
oui au programme, oui à l’euro. Beaucoup veulent croire que le peuple
grec va finir par choisir l’euro. D’autant que la Commission de
Bruxelles, mandatée par les 18 chefs d’Etat et de gouvernement de la
zone euro, va faire campagne auprès des Grecs eux-mêmes pour leur
montrer qu’ils ont été trompés par leurs dirigeants, parce que les
membres de la zone euro ont adhéré à la plupart des demandes grecques.
e
président Juncker reconnait que l’Europe a fait des erreurs dans la
gestion de cette crise. Il indique que le protocole d’accord inclut une
révision du montant des dettes avec un projet d’annulation. Il
mentionne la nécessité de soutenir le modèle économique, mais il indique
aussi que la Grèce ne peut pas se soustraire aux obligations fiscales.
Ajoutons à cela qu'à
Bruxelles, on reconnait aussi que le rôle du FMI a perturbé les
négociations et qu’il faudra évidemment que le FMI sorte. Si les Grecs
acceptent les propositions des créanciers, ce serait un camouflet
terrible pour Tsipras.
Dans ce cas-là,
les négociations reprendraient immédiatement, la BCE ferait ouvrir les
banques, mais on ne voit pas comment Tsipras pourrait continuer à
diriger l’orchestre grec.
Si le référendum
accouchait d’un oui à l’euro, on peut même penser que les créanciers
pourraient faire un pas supplémentaires sur le haircut, c’est-à-dire la
part des dettes qu'ils pourraient oublier. Pour Tsipras c’est une
catastrophe. Il le sait. Il a dit hier après-midi que dans ce cas, il
faudrait organiser un nouveau gouvernement d’union nationale dont les
gens de Syriza seraient exclus.
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