« Les gens de mon âge et moi-même nous croyons qu'il est important que nos enfants, nos petits-enfants, nos arrière-petits-enfants, comprennent les tourments et les épreuves que leurs ancêtres ont eu à endurer.
Ils doivent comprendre de quelle manière leurs ancêtres sont parvenus à résister et à l'emporter. D'où tiraient-ils leur force indestructible, qui a stupéfié et fasciné le monde entier ? Bien sûr, ils défendaient leur maison, leurs enfants, leurs proches et leur famille. Mais ce qu'ils avaient en commun, c'était l'amour de leur pays, de leur patrie. Ce sentiment intime, profondément enraciné en nous, est l'essence même de notre nation et fut l'un des facteurs décisifs dans leur lutte héroïque et leur sacrifice contre les nazis.Je me pose souvent cette question : que ferait la génération d'aujourd'hui ? Comment réagirait-elle si elle était confrontée à une telle situation de crise ? Je vois de jeunes docteurs et infirmières qui se rendent dans des zones dangereuses afin de sauver des vies. Je vois nos militaires qui combattent le terrorisme international dans le nord du Caucase et qui ont combattu jusqu'au bout en Syrie. La plupart des militaires qui faisaient partie du légendaire 6e régiment de parachutistes étaient âgés de 19 à 20 ans. Mais tous ont démontré qu'ils étaient les dignes héritiers de l'exploit de nos guerriers qui ont défendu la patrie durant la Grande Guerre patriotique.
Des valeurs telles que l’abnégation, le patriotisme, l’amour de sa famille et de sa patrie, demeurent des traits fondamentaux de la société russe.
C'est pourquoi je ne doute pas un seul instant qu'une des caractéristiques des peuples de Russie est de remplir leur devoir sans se plaindre si les circonstances l'exigent. Des valeurs telles que l'abnégation, le patriotisme, l'amour de sa famille et de sa patrie, demeurent des traits fondamentaux de la société russe. Ces valeurs sont dans une large mesure la colonne vertébrale de la souveraineté de notre pays. (…)
Je voudrais rappeler ce fait objectif. Les origines de la Seconde Guerre mondiale proviennent principalement des décisions prises après la Première Guerre. Le traité de Versailles est le symbole de la grave injustice subie par l'Allemagne. Ce traité a eu pour conséquence majeure d'obliger ce pays à payer d'énormes réparations de guerre aux alliés occidentaux qui ont affaibli son économie. Le maréchal Ferdinand Foch a résumé de manière prophétique ce traité : “Ce n'est pas la paix. C'est un armistice de vingt ans.”
C'est l'humiliation nationale vécue par l'Allemagne qui a fourni le terreau à des sentiments radicaux de revanche. Les nazis ont habilement joué sur les émotions du peuple, construisant leur propagande sur la promesse de délivrer les Allemands de “l'héritage de Versailles” et de redonner au pays sa grandeur passée, entraînant le peuple allemand dans la guerre. Paradoxalement, les pays occidentaux, notamment l'Angleterre et les États-Unis, y ont contribué. Leurs établissements bancaires, leurs usines ont investi activement dans des entreprises allemandes qui fabriquaient du matériel militaire. En outre, une part importante de l'aristocratie et des élites politiques a soutenu des mouvements nationalistes radicaux et d'extrême droite qui prenaient leur essor en Allemagne et en Europe.
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L'ordre mondial né à Versailles a entraîné de nombreuses polémiques et des conflits évidents. Ces derniers concernaient les frontières des nouveaux pays européens mises en place de manière arbitraire par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale. Ces délimitations territoriales ont été aussitôt suivies de disputes, de revendications de part et d'autre qui se sont transformées en bombes à retardement. (…)
Cours d'Histoire
La Société des nations, dominée par les puissances victorieuses de la France et de l'Angleterre, s'est révélée inefficace et s'est noyée dans des discussions stériles. La SDN et le continent européen ont fait la sourde oreille aux demandes répétées de l'URSS en vue d'établir un dispositif de sécurité collective équitable et de signer un pacte en Europe de l'Est afin de prévenir toute agression. Ces propositions ont été méprisées.
La Pologne a participé à la partition de la Tchécoslovaquie aux côtés de l'Allemagne. Les deux pays ont décidé à l'avance de se répartir les territoires tchèques. Le 20 septembre 1938, l'ambassadeur polonais en Allemagne, Jozef Lipski, a transmis à son ministre des Affaires étrangères Jozef Beck, l'assurance de Hitler : “En cas de conflit entre la Pologne et la Tchécoslovaquie à propos de nos intérêts dans la zone de Teschen, le Reich soutiendra la Pologne”. Le leader nazi a même conseillé aux Polonais d'agir “seulement après que les Allemands ont occupé les Sudètes”.
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La partition de la Tchécoslovaquie a été brutale et cynique. Les accords de Munich ont détruit les fragiles garanties qui subsistaient sur le continent. Ils ont démontré l'absence de valeur des traités. Ce sont ces accords qui ont servi de détonateur à une guerre mondiale inévitable. Aujourd'hui, les politiciens européens, les leaders polonais notamment, souhaitent tirer un trait sur la trahison de Munich. Pourquoi ? Le fait que leurs pays aient rompu leurs engagements et soutenu cette trahison, certains d'entre eux se réservant une part du gâteau, n'est pas la seule raison. Il est également embarrassant de rappeler que durant ces journées dramatiques de 1938, l'URSS a été le seul pays à se battre pour les droits de la Tchécoslovaquie. (…)
« Aucune alternative »
L'URSS a été le dernier des pays européens à signer un pacte de non-agression avec l'Allemagne. En outre, il a été signé à la suite d'une réelle menace de guerre sur les deux fronts, l'Allemagne à l'Ouest, le Japon à l'Est. De même, et très peu le savent, après avoir attaqué la Pologne dans les premiers jours de septembre 1939, Berlin a à plusieurs reprises incité Moscou à se joindre à son action militaire. Le pouvoir soviétique a ignoré ces appels aussi longtemps que possible.
C'est seulement quand il fut certain que la Grande-Bretagne et la France ne viendraient pas en aide à leur allié et que la Wehrmacht pouvait tranquillement occuper toute la Pologne jusqu'à se rapprocher de Minsk que l'URSS décida, le 17 septembre, d'envoyer des troupes jusqu'aux frontières de l'Est.
Il n'y avait à l'évidence aucune alternative. C'est pourquoi il est injuste de prétendre que la visite de deux jours à Moscou, en août 1939, du ministre nazi Ribbentrop a été la cause principale du déclenchement de la guerre. Les principaux pays de l'Occident en sont responsables dans une certaine mesure. Chacun d'eux a commis des erreurs fatales, croyant avec arrogance qu'il pourrait tromper les autres, s'assurer des avantages unilatéraux ou rester à l'écart de la catastrophe imminente. Et cette myopie, ce refus de créer un système de sécurité collective, ont coûté des millions de vies.
L’URSS et l’Armée rouge, en dépit de ce qu’on essaie de démontrer, ont apporté une contribution majeure et cruciale à la défaite du nazisme.
En disant cela, je ne veux nullement m'ériger en juge, accuser quiconque, encore moins initier un nouveau round de confrontations dans le domaine historique qui remettrait les peuples à couteaux tirés. De mon point de vue, des scientifiques reconnus de différents pays devraient constituer un groupe de travail pour parvenir à un jugement équilibré des événements. Nous avons tous besoin d'une vérité objective. J'ai toujours encouragé mes collègues à bâtir un dialogue apaisé, ouvert, basé sur la confiance, afin d'étudier notre passé commun sans aucun biais. Une telle approche permettra de ne pas répéter les erreurs du passé et d'assurer un développement pacifique pour les années à venir.
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Nombre de nos partenaires ne sont pas prêts cependant à nous rejoindre dans ce travail. Au contraire, leurs attaques contre notre pays prennent de l'ampleur afin de nous forcer à formuler des excuses et à nous sentir coupables. Ils adoptent des déclarations profondément hypocrites fondées sur des motivations politiques. La résolution sur l'Importance de la mémoire européenne pour l'avenir de l'Europe, approuvée par le Parlement européen en 2019, a ainsi accusé l'URSS d'avoir, avec l'Allemagne nazie, déclenché la guerre en 1939. Inutile de préciser qu'elle n'a fait aucune mention des accords de Munich.
L'URSS et l'Armée rouge, en dépit de ce qu'on essaie de démontrer, ont apporté une contribution majeure et cruciale à la défaite du nazisme. Nous attendons une vérité simple et non dissimulée sur la guerre. Cette vérité qui concerne notre nation, une vérité âpre et impitoyable, nous a été transmise par des poètes et des écrivains qui ont traversé l'enfer des lignes de front. »
Consultez notre dossier : Bruits de bottes en Ukraine
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