La croissance verte
est, d’un point de vue sémantique, un concept tout aussi trompeur que la
décroissance. Alors que le terme décroissance agit comme un repoussoir,
activant des imaginaires de privations et de dépression, la croissance
verte s’apparente à une pensée magique, qui donne l’illusion de pouvoir
continuer à produire et consommer plus grâce au progrès technique. Sauf
qu’il n’y a absolument aucune raison d’espérer que la finance ou le
marché, dont le seul objectif est la recherche maximisée des profits,
sauvent la planète.
Les économistes
d’inspirations néolibérales qui travaillent sur les liens entre
croissance, nature, et environnement, affirment qu’en monétisant les
externalités négatives, et en augmentant le prix du carbone, on va
résoudre le problème du réchauffement climatique, et plus globalement
l’ensemble des dommages environnementaux causés par les activités
humaines. Mais là encore, c’est une chimère, car le prix est incapable
de révéler la profondeur de champ des questions environnementales, et
notamment la préservation de la biodiversité.
La « croissance verte » est largement présentée aujourd’hui comme le
nouvel horizon du capitalisme. Du plan Biden au « plan de relance »
français, et sous des modalités différentes et parfois économiquement
opposées, chacun espère que les « technologies vertes » permettront de
faire du changement climatique une opportunité économique. Face à un
capitalisme qui manque sérieusement de souffle, l’idée que le « combat
contre le changement climatique » relancera les investissements, la
croissance et l’emploi est effectivement très séduisante, à la fois pour
ceux qui veulent faire renaître une social-démocratie fondée sur la
redistribution des richesses créées ou pour ceux qui envisagent la
survie d’un néolibéralisme centré sur la rentabilité du capital. Voilà
pourquoi, de la gauche à la droite, tous ne jurent que par
cette croissance verte. Suite via Polytechnique-insights
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