Depuis les phases de confinement sont passées par là et renforcées encore plus ces aspirations. Ces choix individuels ont des conséquences collectives, car adopter un mode de vie en dehors du milieu urbain conduit à une augmentation nette des émissions de carbone, mais pas seulement. La consommation d’espace par l’habitat, notamment, exerce une pression sur les sols en contribuant à leur artificialisation, phénomène responsable de la régression des terres arables et des milieux naturels, de la perturbation du cycle de l’eau et des sols. Entre 2006 et 2014, selon un rapport du Comité pour l’Économie verte, l’habitat individuel a représenté près de 50% des sols nouvellement artificialisés, loin devant le réseau routier, le bâti agricole et surtout l’habitat collectif qui compte seulement pour 3%. Il faut néanmoins être objectif. Cette prépondérance des logements individuels résulte en partie de la présence de jardins (soit des sols artificialisés, mais non couverts) qui contribuent pour plus de la moitié de la surface occupée par les logements individuels. En passant à la notion d’imperméabilisation des sols, c’est-à-dire leur recouvrement par un matériau imperméable tel que le béton ou l’asphalte, l’écart se resserre avec l’habitat collectif, mais le rapport reste important de 1 à 7,5. De surcroît, une partie de l’habitat individuel se retrouve dispersé au sein de lotissements éloignés des centres d'activité et exige la construction de nombreuses voies d'accès goudronnées qui renforcent l’imperméabilisation des sols.
Une empreinte carbone plus importante qu’en ville
L’empreinte carbone des logements est également très différenciée selon le type d’habitat. Déjà au départ, à la construction, mais aussi dans l’usage. En cause, notamment la taille des logements : la surface moyenne d’un pavillon est légèrement supérieure à 112 m², contre 63 pour un appartement, soit quasiment du simple au double. Compte tenu du nombre d’occupants, une personne seule dispose en moyenne de 45 m² dans une habitation individuelle, contre 32,5 dans le collectif, c’est quasiment 38% de plus. L’impact est double :
- En termes de chauffage (ou de climatisation), car les surfaces concernées sont plus réduites dans le cas de l’habitat urbain et les observations montrent, en outre, que le nombre d’appareils électroménagers, leur taille, leur puissance augmentent avec celle de la surface disponible. Dépourvue de bâtiments mitoyens, l’exposition de l’habitat individuel aux éléments renforce ses besoins d'énergie en chauffage ou à défaut en matériaux d'isolation.
- Autre dimension à intégrer : le transport. Un tissu urbain dense favorise la proximité entre logement, lieu de travail et commerces. La réduction des distances à parcourir au quotidien permet de donner toute leur place aux modes de déplacements alternatifs à l’automobile. D’après une étude de l’Insee, chaque habitant des pôles urbains émet ainsi deux fois moins de CO2 que la moyenne, grâce à un usage plus fréquent des transports en commun, du vélo ou de la marche.
La ville, royaume des effets d’échelle
Au-delà même du coût écologique, il faudrait aussi intégrer le coût sanitaire lié à la fatigue accumulée due au transport et financier.
Les zones d’habitats individuels contraignent aussi les collectivités à entreprendre des travaux, forcément bien plus conséquents qu’en milieu urbain, pour construire les réseaux de routes, d’eau, d’électricité, de gaz, de télécommunication, la mise en place de services de ramassage des ordures ménages, etc. La ville, c’est le royaume des effets d’échelle. Avec néanmoins le revers de la médaille lié aux problèmes de congestion et de qualité de l’air dès lors que la ville s’étend trop, de vulnérabilité d’infrastructures hyperconcentrées.
Il
est légitime de s’interroger sur la pertinence du modèle de la maison
individuelle. Un habitat plus urbain et plus dense serait bien plus
compatible avec nos objectifs climatiques. Mais favoriser aveuglément un
modèle qui ne répond pas aux désirs de la majorité ne pourrait conduire
qu'à son rejet. Quoiqu’il en soit, d’une manière ou d’une autre, il va
bien falloir repenser notre façon de se loger pour préserver la planète.
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