Les combats sont finis. La nouvelle nous est parvenue à cinq heures ce matin. Dimanche, en fin de matinée, le gouvernement allemand a pris connaissance des conditions de l’armistice et, “une fois ces dernières énoncées”, a accepté sans hésitation les exigences du maréchal Foch. Aussitôt après, l’ordre correspondant a été transmis par radio à la délégation allemande. Entre-temps, le traité a été signé. Lundi matin, à midi, heure d’Europe centrale, l’armistice a débuté conformément au communiqué par radio du maréchal Foch. À en juger par tout ce que nous avons exposé dans notre édition du matin, il n’y a pas le moindre doute quant à la cessation incontestable des hostilités : cette terrible guerre est terminée, et l’Allemagne l’a totalement perdue.

Les négociations de paix peuvent commencer, ce qu’elles vont faire promptement, et il est certain qu’elles atteindront leurs objectifs sur les points principaux dans un bref délai.

Nous voici donc soulagés d’un fardeau — mais ce que chacun d’entre nous qui a encore une étincelle d’humanité a espéré depuis si longtemps, que se taisent les armes, ne nous apporte que de nouveaux soucis et une brûlante anxiété. Nous ne saurions nous réjouir de l’armistice. Nous acclamons de tout notre cœur cette heure où le haut commandement a donné l’ordre de cesser le combat, nous ne pouvions que l’appeler urgemment de tous nos vœux, depuis qu’il était devenu clair que nous ne pouvions attendre nulle sauvegarde, seulement une aggravation implacable de nos maux, car il était désormais absurde de continuer à verser notre sang — chaque jour qui passait nous coûtait plusieurs milliers de morts.

Est-il possible de vivre et de respirer librement dans ces nouvelles conditions ?

Ils ne mouraient plus que par devoir, et sans le moindre espoir de pouvoir améliorer notre sort. Mais est-il possible de vivre et de respirer librement dans ces nouvelles conditions ?

Cette nuit, le gouvernement a lancé un appel à l’aide qui nous a ébranlés jusqu’à la moelle. C’est la protestation la plus solennelle et la plus juste qu’ait jamais émise un peuple