A 45 ans, Camille Kouchner est maîtresse de conférence, Droit privé et sciences criminelles à la Faculté de Droit d'Economie et de Gestion. Membre de l'Institut Droit et Santé à l'Université de Paris, la juriste s'est spécialisée en droit social, droit des contrats et droit de la santé. En 2004, après un DEA de droit syndical et social et un DEA de philosophie du droit, elle soutient la thèse de doctorat en Droit privé "De l'opposabilité en droit privé" à l'Université Paris 10. Sous la direction d'Antoine Lyon-Caen, elle obtient la mention la plus prestigieuse, "très honorable", avec félicitations du jury. Parmi ses ouvrages les plus notables, Camille Kouchner a notamment publié en 2012 aux éditions Dalloz Le droit des malades. Elle a codirigé en 2009 avec Edouard Couty, Anne Laude et Didier Tabuteau La loi HPST: regards sur la réforme du santé aux éditions Presses de l’EHESP.
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"Bottes à la John Wayne, col roulé et porte-briquet autour du cou"
"Mon livre raconte à quel point beaucoup de gens étaient au courant", assure Camille Kouchner dans un entretien qu'elle a accordée à L'Obs. "Bien sûr, j'ai pensé que mon livre pouvait paraître obscène à cause de la notoriété de ma famille. Puis je me suis dit: c'est justement pour ça qu'il faut le faire". Dans son livre de plus de 200 pages, l'autrice raconte cette enfance solitaire, où elle dévorait dès l'âge de 6 ou 7 ans La Comtesse de Ségur.
De ses parents Evelyne Pisier et l'ancien ministre Bernard Kouchner, dont elle ignore "pourquoi, ni quand" ils se sont mariés, elle écrit: "Ma mère est née en Indochine en 1941. Enfermée dans un camp japonais, pour se nourrir Evelyne mangeait de l'herbe, sur l'injonction de sa propre mère". Elle évoque un Bernard à la fois "beau" et "très séducteur", "jeune et autoritaire". "Mon père, gastro-entérologue, médecin comme son père et son frère, se lance dans des projets humanitaires. En 1968, il est au Biafra. En 1971, il crée Médecins Sans Frontières et continue de partir. Il déserte la maison. Il n'est jamais là. Ma naissance en 1975 n'y fait rien". Camille Kouchner a 6 ans quand sa mère quitte son père. "Soi-disant, pas à cause de ses maîtresses. Soi-disant, pas pour son amant. En raison des absences et de son désintérêt. En raison de son machisme et de ses cris: "Quel ennui!""
Cette Familia grande, dont le titre espagnol reprend le surnom que se donnait une bande d'amis fascinés par la révolution cubaine, accueille une fois Mitterrand élu ce fameux "beau-père", qui sera le seul nom que son autrice donnera à cet homme. "Bottes à la John Wayne, col roulé et porte-briquet autour du cou. Fume-cigarettes ou beedies, jamais de chemise, cravate interdite. Sa bouche de cow-boy, ses cheveux bouclés. Un mélange de Michel Berger et d'Eddy Mitchell. Fils de grands bourgeois, marié puis divorcé après ce qu'il me racontera plus tard comme "une semaine de baise mémorable", mon beau-père rêvait de révolution".
"C'est vrai qu'il est gentil, mon beau-père adoré"
Camille Kouchner dépeint ce grand appartement familial, situé rue Joseph-Bara, dans le 6e arrondissement de Paris. "Mon beau-père m'emmenait aux concerts de Johnny Hallyday. Il me faisait écouter des morceaux de piano, il m'inscrivait au tennis et me lisait des passages de ses polars préférés. Il me proposait de prendre part à leurs débats politiques". "Il avait tout compris, tout conquis", partage son autrice. Au fil des pages, arrivent également les souvenirs d'enfance à Sanary, avec ces deux maisons dans la pinède et son parfum d'herbe séchée, de lavande et d'amandiers.
L'inceste surgit alors brusquement vers le milieu du livre, quand Victor, son frère, le fils de Bernard Kouchner, âgé de 14 ans et dont elle modifie le nom dit: "Il m'a caressé et puis tu sais..." "Mon cerveau se ferme. Je ne comprends rien. C'est vrai qu'il est gentil, mon beau-père adoré", raconte l'autrice de 45 ans, dans cette longue confession au rythme soutenu, hantée par la mort et le poids du secret.
Sollicité par Le Monde et L'Obs suite à ces accusations, Olivier Duhamel, 70 ans, a indiqué n'avoir "rien à dire" et n'a pas souhaité réagir. Il a démissionné de toutes ses fonctions lundi: président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), et intervenant ou animateur sur la chaîne LCI et la radio Europe 1. Pour sa part, Bernard Kouchner a réagi lundi soir dans un communiqué transmis à l'AFP par son avocate Maryline Lugosi: "Un lourd secret qui pesait sur nous depuis trop longtemps a été heureusement levé". "En 2011, M. Bernard Kouchner s'est tu sur ce drame de l'inceste à la demande expresse de son fils et de sa fille qui ne voulaient pas qu'il rende cette affaire publique", a par la suite précisé mardi Me Lugosi.
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