01/01/2021

Cinq millions d'immigrants manquent à l'appel: la bombe démographique et économique russe | korii.

La Russie est une nation en pleine décrépitude sur le plan démographique. Le pays a perdu cinq millions d'habitants depuis 1991, et le taux de fécondité s'établit en 2019 à 1,5 enfant par femme, l'un des plus bas au monde. Cette crise est «une menace pour l'avenir du pays et un défi historique», a reconnu lui-même le 15 janvier 2020, Vladimir Poutine. À la faible natalité est venu s'ajouter, en 2020, un autre défi. Avec la crise économique engendrée par le Covid, des milliers de travailleurs, la plupart venus des anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale, sont repartis chez eux, causant un «trou» de cinq millions de personnes, rapporte le site d'information russe RBC.

Selon le maire de Moscou, Sergueï Sobyanin, le nombre de travailleurs migrants dans la ville a chuté de 40% en 2020. En temps normal, entre 9 et 11 millions de migrants travaillent en Russie, rappelle le 

Or, ces derniers ont été les premiers frappés par la pandémie: selon un sondage, les trois quarts d'entre eux ont perdu leur emploi ou leur salaires durant le confinement du printemps, contre 48% pour les travailleurs russes.

Trou d'air

Dans certains secteurs, comme la construction, le logement et les services, la pénurie de main d'œuvre se fait déjà sentir. Le nombre de postes vacants pour les coursiers et les chauffeurs de taxi à Moscou a augmenté de près de 85%, relate RBC.

Lors des précédentes crises économiques, la ville avait réussi à faire face à ce problème grâce à l'apport d'habitants d'autres régions, mais selon Vladimir Volokh, membre du Conseil d'experts sur les questions de migration de la ville, «[ces derniers] ne brûlent pas d'envie de nettoyer les rues».

Un salaire de concierge tourne autour de 35.000 à 45.000 roubles (330 à 450 euros) dans la capitale, une somme que seuls les migrants acceptent généralement de toucher.

Avant la crise sanitaire, le Kremlin prévoyait d'attirer jusqu'à dix millions de migrants dans les six prochaines années, d'après le journal Kommersant cité par RFI.

La Russie vise particulièrement les travailleurs venus des pays d'ex-URSS. Certaines nationalités bénéficient d'ailleurs de visas gratuits pour venir travailler en Russie (Arménie, Biélorussie, Kazakhstan et Kirghizstan). Mais la faiblesse du rouble accompagnée d'une xénophobie rampante ont de quoi refroidir quelque peu les vocations.

La Russie n'est pas la seule à regretter ses migrants. Pressée par le lobbying des grandes entreprises, la Thaïlande vient ainsi d'autoriser l'arrivée de 100.000 travailleurs birmans, malgré une récente flambée de Covid dans le pays.

Dans les plantations d'huile de palme en Malaisie, les producteurs en sont réduits à embaucher des prisonniers et des toxicomanes pour compenser le manque de main d'œuvre.

 

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