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Le digital peut-il vraiment aider les commerçants à passer cette période difficile, qu'ils soient fermés ou non? Pour Mikael Rizzo, boucher-commerçant à Venelles dans les Bouches-du-Rhône, le click & collect lui a sans conteste apporté de l'activité supplémentaire. Féru de numérique, ce commerçant s'est mis au click & collect grâce à l'appli Shapper dès fin 2019. Mais le premier confinement a fait office de déclencheur: "Les commandes sur l'application ont explosé entre les premières semaines de confinement et le mois de décembre", raconte-t-il. Et une partie du chiffre d'affaires supplémentaire généré a été conservé après la fin du premier confinement. "Pendant le confinement, nous étions à +25% de chiffre d'affaires et après, on a conservé +10% à +15% de chiffre d'affaires", indique-t-il. Si ce confinement a "accéléré" l'adoption de cette nouvelle pratique de son côté comme de celui de ses clients, il juge qu'allier "le digital au commerce physique est essentiel".
120 millions pour soutenir la numérisation des petites entreprises
Mais la conversion au digital est loin d'être la norme en France. "Aujourd'hui, une TPE sur trois a un site Internet. C'est trop peu!", regrette le gouvernement qui a mis en place un plan pour soutenir la numérisation des petites entreprises. Sur le plan financier d'abord. Jusqu'à 500 euros pour les entreprises fermées administrativement pour s'équiper d'outils de vente à distance -120.000 entreprises pourraient ainsi être concernées- et 20.000 pour les communes afin de soutenir les collectivités développant des plateformes locales de e-commerce. Au total: une enveloppe de 120 millions d'euros. Mais aussi en labellisant des prestataires qui mettent à disposition gratuitement leur solution pour les commerçants pendant ce confinement et dont la liste est accessible sur clique-mon-commerce.gouv.fr. Comme Wizishop qui permet de créer facilement une boutique en ligne en proposant click & collect ou livraison à domicile et qui a lancé une opération "E-commerce solidaire" avec une offre gratuite pendant trois mois.
"Lors du premier confinement, 650 personnes ont bénéficié de cette opération et déjà 1.500 pendant le deuxième confinement", explique Grégory Beyrouti à la tête de Wizishop. Depuis le début de l'année, il constate également que "le nombre quotidien d'inscrits a quadruplé" et note qu'un "changement d'état d'esprit est en train de s'opérer chez les commerçants." Un changement d'esprit encouragé par ce contexte de crise. Et Grégory Beyrouti de citer l'exemple d'une jardinerie qui s'est lancée en ligne pendant le premier confinement et a pu "sauver les meubles". Ou encore l'exemple d'Orsteel Light, un fabricant d'éclairage dont l'activité était à l'arrêt lors du premier confinement et qui a choisi de modifier son activité pour fabriquer du plexyglas de protection vendu à prix coûtant et qui avait à cette occasion créé sa boutique en ligne grâce à l'opération "E-commerce solidaire" de Wizishop.
Le frein du temps à consacrer à la boutique en ligne
Nicolas Sabourdy, restaurateur de "O' Comptoir gourmand" près de d'Aix-en-Provence a lui aussi pu faire évoluer son activité grâce au digital. S'il utilisait déjà l'appli Shapper depuis deux ans pour pouvoir envoyer des notifications à ses habitués avec le menu du jour et leur permettre de réserver en ligne –"ce qui m'a permis d'augmenter de 30% à 40% l'affluence", le digital lui a permis de développer la vente à emporter pendant le confinement: "ça m'a donné un coup de pouce et cela a permis de limiter les pots cassés".
De nombreuses opérations ont vu et voient encore le jour de toutes parts: de La Poste avec sa plateforme e-commerce locale "Ma Ville, mon shopping" à Cdiscount qui propose un accès gratuit à sa marketplace pour le click & collect en passant par des collectivités comme Angers qui ont mis en place leur propre plateforme ou encore Amazon qui s'est engagé aussi à soutenir la transition numérique sans oublier les outils d'aide à la création de boutique en ligne… les initiatives sont légions. Mais si celles-ci lèvent l'obstacle financier que pouvaient redouter les commerçants –même si Mikael Rizzo juge que le "coût financier est dérisoire au regard du chiffre d'affaires supplémentaire"- mais celui du temps que nécessite une activité en ligne. Selon une étude Ipsos pour Facebook de juin 2020, lorsqu'elles sont interrogées sur les freins à la transformation numérique des TPE-PME, une entreprise sur deux "considère qu'elle manque de temps et de budget". "Ca rajoute une activité que les commerçants n'avaient pas donc ils doivent être prêts à se lancer dans l'aventure", reconnaît Grégory Beyrouti de Wizishop qui ajoute cependant qu'il est possible de se lancer en ligne et d'améliorer au fur et à mesure. Si la crise pourrait bien donner un élan à la conversion digitale des petits commerces, ceux-ci n'en espèrent pas moins une réouverture rapide de leurs magasins.
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