Tant est si bien que les deux discours prononcés par le locataire de la Maison-Blanche les 3 et 4 juillet dernier, à l’occasion de la fête nationale américaine, peuvent être considérés comme un cas d’école, une sorte de test de Rorschach à l’échelle de la nation américaine où les citoyens, selon le camp dans lequel ils se situent, n’entendent plus du tout la même chose.
Débat impossible ?
Il n’y a pas une, mais deux Amérique : celle qui applaudit la tribune “sur la justice et le débat pulic” publiée par le magazine Harper’s et signée par 150 personnalités qui redoutent que “la pression en faveur de la justice sociale n’engendre l’intolérance”. Une tribune qui met en garde contre le risque de censure engendré par la “cancel culture”, cette culture du bannissement, du boycott et de l’humiliation publique, qui se caractérise par des actions militantes notamment sur Internet visant à discréditer des personnalités publiques pour leurs prises de position.Et une autre Amérique, celle qui conspue cette tribune mal ficelée, véritable “tissu d’âneries et monument de suffisance”, signée par des intellectuels dépassés, “réacs” et privilégiés.
Comme l’observe le New York Times tentant de se situer au-dessus de la mêlée : “Le débat sur la diversité, la liberté d’expression et les limites de l’opinion acceptable est un débat de longue haleine.” Si tant est qu’il puisse avoir lieu.
“Never Trumpers” et repentis
À l’approche des élections du 3 novembre, enfin, il semble ne pas y avoir un, mais deux Partis républicains.Celui des fidèles au président et celui des “Never Trumpers”, ces conservateurs prêts à tout pour convaincre les électeurs républicains de voter pour le candidat démocrate Joe Biden, “pour le bien de la nation américaine”.
Et, alors que la cote de popularité de Trump n’a jamais été aussi basse, il a encore perdu 11 points entre la mi-mai et la fin juin selon l’institut Gallup, notamment en raison de la gestion calamiteuse de la crise sanitaire du Covid-19, les témoignages d’électeurs repentis fleurissent dans les journaux américains. Tous disent peu ou prou la même chose : qu’ils ont honte de dire qu’ils ont voté pour Trump en 2016 et qu’on ne les y reprendra plus.
Bérangère Cagnat
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