28/06/2020

États-Uniques... Cette Amérique qui fait “pitié”

Vue de l'étranger, l'Amérique est souvent admirée, détestée ou redoutée, "parfois tout en même temps", écrit le magazine The Atlantic. Mais actuellement, la superpuissance vit un moment "particulièrement humiliant" et inspire surtout "de la pitié".

La faute en incombe notamment à son président, qui semble moins que jamais l'homme de la situation face une pandémie qui n'a pas fini de déferler sur le vaste territoire américain.


Le week-end dernier, à Tulsa (Oklahoma), pour son premier meeting de campagne depuis mars, Trump avait suggéré que si les États-Unis comptaient autant de cas de coronavirus (près de 2,5 millions), c'était parce que "trop de tests" y étaient pratiqués. Comme souvent, les faits l'ont obligé quelques jours plus tard à rétropédaler et à prétendre qu'il avait voulu se montrer "sarcastique".

Une nouvelle flambée épidémique frappe en effet de nombreux États américains. Le nombre de cas recensé quotidiennement au niveau national bat les précédents records datant d'avril. Au Texas, le gouverneur a appelé les habitants à rester chez eux alors que certains hôpitaux s'inquiètent d'être débordés par le flux de malades, et l'Union européenne hésiterait à rouvrir ses frontières aux Américains.

De son côté, le gouvernement américain n'a pas eu de meilleure idée que de demander jeudi 25 juin au soir à la Cour suprême d'abroger l'Affordable Care Act, plus connue sous le nom d'Obamacare, loi qui a permis à des millions d'Américains d'obtenir une couverture médicale. Le moment paraît particulièrement mal choisi.

Le "fiasco" de Tulsa


Trump, qui désespère de clore le chapitre de la pandémie, comptait beaucoup sur le meeting de Tulsa pour relancer sa campagne électorale face à un Joe Biden qui s'échappe dans les sondages et qui peut compter sur le soutien de plus en plus affiché de son "copain" Barack Obama. L'équipe de campagne de Trump avait annoncé 1 million de demandes pour assister au meeting. Seules 6?200 personnes s'y sont rendues, dans une salle pouvant en accueillir 19?000. Pour la presse, la "démonstration de force" planifiée a tourné au "fiasco", à la "démonstration de faiblesse" et à la "triste farce".

L'entourage de Trump, jamais à court d'idée lorsqu'il s'agit de trouver un bouc émissaire, s'est plaint des manifestants massés à l'extérieur de la salle, qui auraient empêché les supporters du président d'y rentrer. Ces manifestants étaient pourtant là pour faire savoir au président américain que la vague de protestation née suite à la mort de George Floyd ne faiblit pas aux États-Unis.

La Nascar, compétition automobile américaine la plus populaire, a pris position en cherchant à se débarrasser des vestiges de son passé raciste. Le débat national sur la pertinence de certaines statues s'est élargi à des personnages tels que les pères fondateurs George Washington et Thomas Jefferson. Et les affaires de violences policières continuent de faire les gros titres des journaux, les Latinos pleurant eux aussi leurs "martyrs".

Bref, comme le souligne The Atlantic, ce que les protestations des manifestants et le comportement de leur président montrent, c'est qu'actuellement la "beauté de l'Amérique", ce mélange "d'optimisme, de charme et d'informel", semble avoir disparu. La présidentielle de novembre prochain suffira-t-elle à la retrouver??

Nicolas Coisplet Courrier International

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