Intéressant! Ce ne sont pas les politiques qui font la société, mais la société qui fait les politiques
Eric Zemmour: Qui est Emmanuel Macron? C’est la question qu’on se pose après sa dernière intervention télévisée.
C’est la question qu’on se pose depuis qu’il a conquis l’Élysée. Sa prestation de dimanche dernier n’a pas permis de répondre à la question. Le Président s’est posé en héraut de l’ordre public contre les contempteurs des «violences policières», mais il a donné un crédit
à la complainte infondée de ceux-ci contre les discriminations en fonction «du nom, de l’adresse, de la couleur de peau». Il a défendu l’honneur de la police, abandonnée par son ministre, mais il n’a pas renié la démarche scandaleuse de sa ministre de la Justice, qui se proposait de recevoir la famille Traoré. Il condamne le «séparatisme», mais laisse prospérer les mosquées salafistes. Il rejette les attaques contre les statues de nos grands hommes au nom d’un révisionnisme antiraciste, mais c’est le même qui a dit que la colonisation française avait été «un crime contre l’humanité».
à la complainte infondée de ceux-ci contre les discriminations en fonction «du nom, de l’adresse, de la couleur de peau». Il a défendu l’honneur de la police, abandonnée par son ministre, mais il n’a pas renié la démarche scandaleuse de sa ministre de la Justice, qui se proposait de recevoir la famille Traoré. Il condamne le «séparatisme», mais laisse prospérer les mosquées salafistes. Il rejette les attaques contre les statues de nos grands hommes au nom d’un révisionnisme antiraciste, mais c’est le même qui a dit que la colonisation française avait été «un crime contre l’humanité».
Dimanche soir, Macron a montré son profil le plus girondin, souhaitant une nouvelle étape de décentralisation, retrouvant ses accents de la campagne de 2017, alors même qu’une fois élu, il avait gouverné pendant deux ans sans tenir compte des élus locaux. Il emploie désormais le mot d’«indépendance» de la France en matière économique, alors qu’il sait bien que le concept est incompatible avec l’Union européenne. Quand il parle de souveraineté française, c’est pour l’accoler aussitôt à un pendant européen. La souveraineté ne se partage pas. On est ou on n’est pas souverain. Il parle de relocalisation industrielle, incite Renault et Peugeot à rapatrier des usines en France, mais laisse l’Union européenne poursuivre sa politique d’accords de libre-échange avec des pays comme le Vietnam. Il tient de grands discours contre le réchauffement climatique, mais ferme la centrale de Fessenheim, alors que le nucléaire est l’énergie la moins carbonée.
On sait qu’il a beaucoup joué de ce «en même temps». On peut aussi estimer que ses grands prédécesseurs furent maîtres en ambiguïté et en revirements. De Gaulle arrive au pouvoir dans les bagages des partisans de l’Algérie française et donne l’indépendance. Mitterrand signe un programme commun avec les communistes et parraine le grand marché européen libéral. De Gaulle n’est ni de droite ni de gauche. Mitterrand commence sa vie politique à l’extrême droite, passe par la gauche, avant de l’achever au centre.
Macron aimerait se ranger dans cette lignée. On a pourtant l’impression qu’il souffre davantage d’indécision que de machiavélisme. Jacobin et girondin, colbertiste et libéral, haut fonctionnaire et banquier d’affaires, assimilationniste et multiculturaliste. C’est le roi de l’oxymore, son patriotisme est républicain, sa laïcité est ouverte, son souverainisme est européen ; Macron a toujours besoin d’adjectifs pour qualifier ses engagements. Il ne choisit pas. Il refuse de choisir. On a l’impression qu’il ne sait pas vraiment ce qu’il pense. Qu’il ne sait pas qui il est. Qu’il est entré à l’Élysée pour le savoir enfin.
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