Séisme en coulisse : après le Brexit, l’entourage de Boris Johnson entend faire le ménage dans les ministères et l’administration, accusée d’avoir trop de pouvoir sur la politique gouvernementale.
Longtemps, Bruxelles a éveillé la méfiance des pro-Brexit. Aujourd’hui, cela vaut également pour les employés des ministères de la rue de Whitehall, à Londres. Après tant de reports du retrait britannique de l’Union européenne, nombreux sont les partisans de ce dernier qui sont persuadés que des fonctionnaires bien-pensants des ministères n’ont d’autre intention que de contourner la volonté du peuple.
Mais chez Dominic Cummings, le principal conseiller du Premier ministre et l’architecte de la campagne anti-UE lors du référendum de 2016, l’exaspération que suscitent en lui les hauts fonctionnaires remonte à beaucoup plus loin. Un article qu’il a mis en ligne sur son blog en 2014 est sous-titré : “Les échecs de Westminster & Whitehall : de mauvaises nominations, de mauvaises formations et des institutions dysfonctionnelles qui ne sont pas équipées pour réparer les erreurs.” Certains eurosceptiques rêvent de plastiquer Whitehall pour que le Brexit ait lieu. Cummings, lui, veut que le Brexit ait lieu pour pouvoir plastiquer Whitehall.
Dans le sillage du triomphe de Boris Johnson lors des élections législatives de décembre, le gouvernement a la possibilité de remodeler le pays. Les travaillistes sont en plein désarroi, les défenseurs de l’UE sont vaincus et le système britannique confère d’immenses pouvoirs aux gouvernements qui disposent d’une large majorité parlementaire. À la lecture des réflexions de Cummings – qui s’étalent sur des milliers de mots, sur un blog qui traite aussi bien de Sun Tzu, le général chinois du VIe siècle av. J.-C., que de Bismarck et de politique de l’éducation que d’exploration spatiale –, on comprend pourquoi tant de gens à Downing Street se disent que s’ils veulent faire avancer les choses, il va d’abord leur falloir remettre de l’ordre dans la fonction publique.
Il est rare qu’un nouveau gouvernement se fixe comme priorité de réformer la fonction publique. La plupart ne s’y attellent que quand leur élan de départ a été stoppé. Au début de son deuxième mandat, Margaret Thatcher a tenté de responsabiliser davantage les hauts fonctionnaires en leur imposant de se concentrer sur le résultat. Ou, pour reprendre les termes de Cummings, d’exiger “ce qui devrait être le minimum professionnel de la part de gens qui ne savent absolument pas gérer les priorités”.
Il considère par ailleurs que la solution passe en partie par le recrutement de gens brillants sur certains dossiers spécifiques, en dehors de toute contrainte bureaucratique. Il cite en exemple la réussite des efforts américains dans le domaine des missiles balistiques intercontinentaux et sur certains volets du programme Apollo dans les années 1950 et 1960, qui avaient rassemblé les meilleurs scientifiques et ingénieurs du monde pour travailler sur des projets gouvernementaux. Plus généralement, affirme-t-il, ces exemples montrent qu’il est essentiel de se fixer des buts bien définis, de s’appuyer sur des budgets à long terme pour réaliser des économies et de “se concentrer au maximum sur les erreurs”.
La réorganisation des ministères “est en soi une mission tout à fait considérable”, qui a jusque-là rarement abouti, tempère Catherine Haddon, membre du groupe de réflexion Institute for Government. C’est une chose d’écrire sur les façons de transformer l’État, c’en est une autre de passer à l’acte. Les vétérans de la fonction publique estiment donc qu’une évolution progressive est plus probable qu’un big bang. Une preuve de plus de la complaisance des institutions, aux yeux de Cummings. “Le défaitisme et la confusion sont très répandus, personne ne croit qu’il soit possible de changer quoi que ce soit”, a-t-il publié sur son blog. L’occasion lui est de nouveau donnée de prouver que l’establishment se trompe.
Mais chez Dominic Cummings, le principal conseiller du Premier ministre et l’architecte de la campagne anti-UE lors du référendum de 2016, l’exaspération que suscitent en lui les hauts fonctionnaires remonte à beaucoup plus loin. Un article qu’il a mis en ligne sur son blog en 2014 est sous-titré : “Les échecs de Westminster & Whitehall : de mauvaises nominations, de mauvaises formations et des institutions dysfonctionnelles qui ne sont pas équipées pour réparer les erreurs.” Certains eurosceptiques rêvent de plastiquer Whitehall pour que le Brexit ait lieu. Cummings, lui, veut que le Brexit ait lieu pour pouvoir plastiquer Whitehall.
Dans le sillage du triomphe de Boris Johnson lors des élections législatives de décembre, le gouvernement a la possibilité de remodeler le pays. Les travaillistes sont en plein désarroi, les défenseurs de l’UE sont vaincus et le système britannique confère d’immenses pouvoirs aux gouvernements qui disposent d’une large majorité parlementaire. À la lecture des réflexions de Cummings – qui s’étalent sur des milliers de mots, sur un blog qui traite aussi bien de Sun Tzu, le général chinois du VIe siècle av. J.-C., que de Bismarck et de politique de l’éducation que d’exploration spatiale –, on comprend pourquoi tant de gens à Downing Street se disent que s’ils veulent faire avancer les choses, il va d’abord leur falloir remettre de l’ordre dans la fonction publique.
Mécanisme de prise de décision obsolète
Cummings étrille le système de gouvernement actuel, dans lequel il voit un mécanisme de prise de décision obsolète et surdimensionné. Une fois que le Royaume-Uni aura quitté l’UE, on annonce une réduction du nombre de ministères, les Finances récupérant le Commerce tandis que celui chargé du départ de l’UE sera simplement supprimé. Les rumeurs font état d’un “superministère” qui regrouperait l’éducation, la recherche et l’innovation. Si Cummings parvient à ses fins, ces bouleversements ne seront qu’un début.Il est rare qu’un nouveau gouvernement se fixe comme priorité de réformer la fonction publique. La plupart ne s’y attellent que quand leur élan de départ a été stoppé. Au début de son deuxième mandat, Margaret Thatcher a tenté de responsabiliser davantage les hauts fonctionnaires en leur imposant de se concentrer sur le résultat. Ou, pour reprendre les termes de Cummings, d’exiger “ce qui devrait être le minimum professionnel de la part de gens qui ne savent absolument pas gérer les priorités”.
Limoger les gens pas à la hauteur
Selon lui, cette incompétence est le reflet d’un système qui met l’accent sur ce qui n’est pas nécessaire, comme les sciences humaines. Cummings assure qu’il ne faut pas hésiter à limoger les gens qui ne sont pas à la hauteur. Il appelle de ses vœux une formation qui insisterait sur les compétences qui donnent des résultats mesurables immédiatement. Les caractéristiques des postes devraient également changer. Comme le signale un de ses alliés, Cummings “se moque de savoir s’il embauche des socialistes, ce qu’il veut, ce sont des gens compétents”.Il considère par ailleurs que la solution passe en partie par le recrutement de gens brillants sur certains dossiers spécifiques, en dehors de toute contrainte bureaucratique. Il cite en exemple la réussite des efforts américains dans le domaine des missiles balistiques intercontinentaux et sur certains volets du programme Apollo dans les années 1950 et 1960, qui avaient rassemblé les meilleurs scientifiques et ingénieurs du monde pour travailler sur des projets gouvernementaux. Plus généralement, affirme-t-il, ces exemples montrent qu’il est essentiel de se fixer des buts bien définis, de s’appuyer sur des budgets à long terme pour réaliser des économies et de “se concentrer au maximum sur les erreurs”.
Prouver que l’establishment se trompe
Pour y parvenir, il est probable qu’il faille s’attaquer à la “tension clé” au cœur de la bureaucratie britannique : à savoir que les ministres sont censés être responsables des activités de leurs ministères, qu’ils ne contrôlent pas vraiment en réalité. Le Royaume-Uni a cela d’inhabituel que les ministres n’ont que peu d’influence sur qui dirige leurs ministères et ne disposent guère de marge de manœuvre pour procéder à des nominations. Cummings pense que les politiciens sont paralysés par les conseillers juridiques du pouvoir, qui invoquent le plus souvent des directives européennes.La réorganisation des ministères “est en soi une mission tout à fait considérable”, qui a jusque-là rarement abouti, tempère Catherine Haddon, membre du groupe de réflexion Institute for Government. C’est une chose d’écrire sur les façons de transformer l’État, c’en est une autre de passer à l’acte. Les vétérans de la fonction publique estiment donc qu’une évolution progressive est plus probable qu’un big bang. Une preuve de plus de la complaisance des institutions, aux yeux de Cummings. “Le défaitisme et la confusion sont très répandus, personne ne croit qu’il soit possible de changer quoi que ce soit”, a-t-il publié sur son blog. L’occasion lui est de nouveau donnée de prouver que l’establishment se trompe.
Source Courrier international
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