Source lepoint.fr par Clément Pétreault, Marion Cocquet
Nicolas Warembourg, professeur d'histoire du droit à l'université
Paris-I, est un homme à l'expression délicate. C'est donc avec
délicatesse qu'il raconte cette scène, pourtant inouïe. Le 14 mars 2019,
dans un amphithéâtre XVIIIe siècle de la place du Panthéon, il anime
une conférence organisée par l'Association des étudiants en droit. Le
thème ? « La présomption d'innocence à l'heure de #BalanceTonPorc ».
Parmi les invités : les avocats Anne-Marie Soubré et Francis Triboulet,
ainsi que la juriste de l'association Women Safe, Axelle Cormier. « Mais
le thème même de la discussion semblait insupportable à des cerveaux un
peu… comprimés », commente Nicolas Warembourg.
Un groupe d'une
douzaine d'étudiants interrompt la séance, traitant l'enseignant et
l'avocat mâle de « violeurs en puissance ». Ils sont expulsés une
première fois. Puis une seconde. Alors que la conférence reprend,
l'un des agitateurs verse sur la chaire, depuis une fenêtre laissée
entrouverte, une bouteille pleine « d'un liquide tiède, malodorant et
jaunâtre », selon les mots de Nicolas Warembourg. De l'urine,
donc. C'est lui qui reçoit, sur le visage et la poitrine, le gros du
contenu. Ses invités sont éclaboussés. Passée la stupéfaction, certains
étudiants se lèvent pour courser les agresseurs – sans succès. « Nous
nous sommes épongés, et puis nous avons poursuivi notre propos. Il nous
semblait que c'était la meilleure réponse à leur donner », glisse le
professeur.
Des sanctions disciplinaires et pénales ont été engagées contre le groupe. Mais l'affaire n'a guère agité que le petit monde de la montagne Sainte-Geneviève. Elle n'est pourtant pas un cas isolé. Depuis quelques années, les campus français sont le théâtre d'incidents analogues : des conférences boycottées, chahutées, voire annulées, sous prétexte que certains intervenants sont suspectés d'être réactionnaires, racistes, islamophobes, homophobes, transphobes ou misogynes… Alain Finkielkraut, Sylviane Agacinski, Raphaël Enthoven ou encore Mohammed Sifaoui ont dû affronter ces derniers mois des comités d'accueil les obligeant à ajourner ou déplacer leurs conférences.
Même l'ancien président de la République François Hollande – pourtant peu réputé pour la radicalité de ses opinions – n'a pu tenir conférence à l'université de Lille le 12 novembre. Signe du destin, il devait y évoquer son dernier ouvrage Répondre à la crise démocratique (Fayard). L'amphi a été envahi par une centaine d'étudiants au cri de « Hollande assassin », en soutien au jeune Anas, qui avait tenté de s'immoler dans un geste politique contre la précarité des étudiants. Des livres sont déchirés, jetés à terre. Et la conférence est finalement annulée. L'université française, où le chahut fait partie du folklore, aurait-elle franchi un cap en renonçant à la confrontation des points de vue, de peur d'indisposer une minorité d'activistes radicaux ?
Lire aussi Coignard – Conférence empêchée, livres déchirés : les petits soldats du totalitarisme
Les manifestants ont renversé les livres, certains l'ont dechiré et jeté à terre. © Baziz Chibane / MAXPPP / PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPPBazi
Jean-Luc Mélenchon, qui incarne une certaine radicalité de l'action politique à gauche, condamne fermement le procédé. Lorsque Sylviane Agacinski a été empêchée de tenir une conférence sur « l'être humain à l'époque de sa reproductibilité technique » à Bordeaux en octobre, il a réagi sans ambiguïté : « Honte à cet odieux sectarisme. D'accord ou pas avec elle, cette philosophe est un grand esprit. Elle nous aide à penser. Je partage son raisonnement sur la GPA. » L'intellectuelle, taxée « d'homophobie » par des militants à la mémoire courte (elle a défendu le mariage gay), ne souhaite pas revenir pour le moment sur l'incident.
Les étudiants prêts à tout pour ne pas avoir à se confronter à d'autres idées que les leurs semblent de plus en plus nombreux et de plus en plus décidés, galvanisés par la publicité faite à leurs coups d'éclat. « Il est facile de faire annuler un événement », explique l'essayiste et sociologue canadien Mathieu Bock-Côté, qui observe le phénomène depuis les deux rives de l'Atlantique. « Cela permet à de jeunes personnes excitées par l'idéologie et tentées par la radicalité d'entrer directement dans l'action, sans passer par la laborieuse étape de l'argumentation et de la discussion. Du passé, ils ne savent pas grand-chose, sinon qu'il faut s'en libérer, pour affranchir les mille minorités marginalisées par une civilisation occidentale toxique et discriminatoire. » Pour l'intellectuel conservateur, la culture générale de ces jeunes gens est mince, « pour ne pas dire inexistante. Soyons encore plus sévères : ils n'ont de culture, souvent, que l'idéologie qu'ils viennent de consommer. Elle leur donne l'impression de penser et le droit moralement de se révolter. Contre l'ennemi du moment, on hurle des slogans jusqu'à l'extase collective, et on a l'impression, une fois l'événement annulé, d'avoir remporté une bataille contre la bête immonde ! Le salaud ne parlera pas ! » Une pratique qui consacre le pouvoir de « minorités idéologiques fanatisées » au cœur de l'université qui se donnent ainsi le droit de déterminer qui « pourra ou ne pourra pas avoir accès à l'espace public ».
Lire aussi Mathieu Bock-Côté : « Nous entrons dans un nouveau cycle de fanatisme politique »
L'entrave au discours – et donc à la pensée – n'est pas une méthode propre à l'extrême gauche, mais celle-ci en a fait un outil privilégié de son mode d'action. La pratique reste le fait de militants que l'on peut croiser dans différentes organisations politiques ou syndicales comme la branche étudiante du syndicat Sud (Solidaires Etudiant-e-s), certaines antennes locales de l'Unef et du NPA. « Arrêtons de dire qu'on empêche le débat », proteste Chloé, porte-parole de Solidaires Etudiant-e-s, qui a participé aux actions contre la conférence de François Hollande à Lille. « Ces invités s'expriment partout, et une conférence n'est pas un lieu de débat : on écoute religieusement l'invité en lui posant deux-trois questions à la fin. Pour nous, le vrai débat commence quand il y a altercation et qu'on visibilise les questions. À Hollande, on lui a même fait de la pub ! » Si la syndicaliste considère que l'université doit être un lieu de production d'un « savoir critique et émancipateur », cela ne lui semble pas compatible avec le fait de donner une « tribune à un président qui a causé un énorme recul des droits sociaux », ou à des personnes condamnées pour sexisme ou racisme. Pour la jeune femme, l'entrave à la parole permet de créer un rapport de force. « Nous, nous n'avons pas d'autres moyens de faire entendre notre voix, nous n'avons jamais de relais dans les médias : c'est uniquement quand nous avons des martyrs que nous sommes écoutés », poursuit-elle, en faisant référence à ce jeune responsable syndical qui s'est immolé devant le crous de Lyon. Sur quels critères la parole d'un intellectuel ou d'un politique est-elle considérée comme entendable ? « On n'a pas de liste. C'est à l'université de décider ce qui est légitime ou non, et finalement nous venons pallier ses manquements. » Heureusement, les militants veillent…
Lire aussi Le « décolonialisme », une stratégie hégémonique : l'appel de 80 intellectuels
Y aurait-il une gêne, un tabou dans l'Université française ? « Les cas médiatisés ne sont que la partie émergée de l'iceberg », assure Morgane Daury, professeure de droit à l'université d'Amiens, autrice d'un appel à protéger la liberté d'expression paru le 13 novembre dans Le Figaro. « Tous les collègues avec qui j'en ai discuté me parlent de cas similaires. Depuis deux ou trois ans, le phénomène s'amplifie. Moi-même je l'ai vécu, dans mon université qui est pourtant assez tranquille. J'avais organisé il y a un an et demi une conférence sur l'affaire Jacqueline Sauvage et sur les questions de droit passionnantes qu'elle soulevait : la présomption de légitime défense, par exemple, ou le droit de grâce présidentiel. Nous avons été interrompus, et nous avons finalement été contraints d'annuler la discussion. Ces gens-là sont peu nombreux, mais parfaitement capables d'empêcher une parole de se tenir. » À quoi s'ajoute, selon Isabelle Barbéris, une autocensure des professeurs eux-mêmes qui, par lâcheté, légèreté ou fatigue, finissent par éviter certains sujets dont ils savent d'avance qu'ils provoqueront l'émoi. Voire s'appliquent à donner des gages de rectitude morale pour gagner la paix. « À l'université, la parole est, comme partout ailleurs, en train d'être surveillée et de se surveiller elle-même », déplore un professeur de philosophie, qui supporte avec difficulté cette situation orwellienne.
Pour le sociologue Gérald Bronner, spécialiste de la pensée extrême et des radicalités, ce qui se passe dans les universités sur la liberté d'expression est « marginal, mais stratégique. On justifie le recours à la violence physique au nom de la violence symbolique que l'on subirait. Cette défense idéologique commune aux extrêmes ouvre la porte à la justification des violences physiques. C'est une petite musique très préoccupante ». Comme ce sociologue apôtre de la démarche scientifique le démontre dans ses travaux, l'un des traits caractéristiques de la radicalité est la tolérance à l'égard de la violence. « Certains disent qu'ils condamnent les violences mais qu'ils les comprennent. On voit bien qu'il y a des porosités entre les discours… Entre la violence symbolique et la violence physique, il y a une différence de nature, pas de degré. » Le spécialiste revient sur cette idée du « j'ai le droit de le dire » qui est pour lui la marque d'une « revendication idéologique d'égalitarisme qui refuse la dissymétrie entre l'enseignant et l'élève ». Ce phénomène est encouragé par ce qu'il désigne comme une « épidémie de sensibilités. Il faudrait protéger les étudiants d'un discours jugé offensant. Mais la connaissance a des droits que la croyance ne peut pas revendiquer ! Apprendre, c'est risquer d'être déstabilisé dans sa vision du monde ».
Pour l'essayiste Pascal Bruckner, qui a enseigné dans les universités américaines, ce phénomène du « no platform » (pas d'estrade) est un pur produit d'importation. « L'horreur américaine débarque chez nous, on devient le perroquet de ce qui se fait de pire dans l'université américaine où des nazillons d'extrême gauche considèrent que tout ce qui dépasse devrait être interdit ! L'extrémisme des uns et le conformisme des autres rendent possible cet effet de censure. Le pire, c'est que ce nouveau fascisme se présente sous les traits du progressisme », s'emporte l'essayiste, auteur d'Un racisme imaginaire. La querelle de l'islamophobie (Grasset-Fasquelle).
Lire aussi Débat Bruckner-Shellenberger : « L'Occident est fatigué et déprimé »
Sans parler d'« horreur », Hélène Merlin-Kajman, professeure de lettres à Paris-III, s'est longuement penchée, pour s'en inquiéter, sur le « trigger warning » américain, cette façon d'avertir un auditoire, notamment étudiant, que le contenu d'un cours est susceptible de le choquer… et de lui permettre de s'y soustraire. Le but affiché : créer un espace d'enseignement où il soit tenu compte de la sensibilité ou de l'histoire personnelle des étudiants. Pour Hélène Merlin-Kajman, au contraire, la pratique revient à « recatégoriser » les individus de façon à ce qu'ils deviennent « statutairement des victimes, des victimes réelles ou des victimes en puissance ». Terminées les communautés de lecteurs, place à un « découpage de la société en statuts », auxquels la transmission des textes, entre autres, est sommée de s'adapter. La pratique n'existe pas encore en France. Pour combien de temps ? En 2017, une association féministe de l'ENS-Lyon sommait le jury d'agrégation de se prononcer sur le « viol » contenu selon elle dans un poème d'André Chénier avec l'intention, notamment, de protéger de futurs élèves…
La jonction entre le mouvement décolonial et le mouvement « intersectionnel » est précisément ce qui inquiète Gilles Denis, professeur à Lille-I et fondateur de Vigilance Universités. Ce réseau s'est formé en 2016 pour lutter contre le racisme et l'antisémitisme dans les facultés. Mais de nouveaux problèmes sont apparus : « Le discours décolonial se joint désormais aux courants intersectionnels, qui apparaissent comme profondément progressistes et séduisent les étudiants. C'est là le vrai danger », estime Gilles Denis. « Tout cela intervient dans un moment où le politique est affaibli », ajoute Laurent Loty, professeur de Lettres modernes à l'université Paris-Diderot et également membre du réseau.
Le 4 novembre, un collectif d'universitaires, dont Nathalie Heinich, Pierre Nora ou Marcel Gauchet, publiait dans Le Monde une tribune exhortant les chefs d'établissement à défendre la liberté académique. Ils s'y disaient indignés « que des combats légitimes [la lutte contre le racisme, le sexisme, l'homophobie] soient accaparés par des ennemis des règles démocratiques, des lois républicaines et de l'autonomie du savoir ». Mais indignés aussi « que des présidents d'université, chargés de faire respecter la liberté académique et la circulation des savoirs, [acceptent], trahissant ainsi leur mission, de céder aux menaces d'un quarteron de militants ». Cet appel a-t-il été entendu ? Gilles Denis croit assister à une forme de réveil. À Bordeaux, la présidente de l'université s'est ainsi engagée à proposer une nouvelle date à la conférence annulée de Sylviane Agacinski. « La conférence des présidents d'université s'est emparée du sujet, le comité d'éthique du CNRS a réagi. Les gens commencent à comprendre de quoi il retourne réellement dans ces mouvements dont les combats pouvaient, a priori, sembler sympathiques », estime Gilles Denis. Des mouvements qui finissent par desservir la cause qu'ils prétendent défendre ? « C'est le propre de la censure violente d'accréditer les opinions qu'elle attaque », écrivait Voltaire.
Des sanctions disciplinaires et pénales ont été engagées contre le groupe. Mais l'affaire n'a guère agité que le petit monde de la montagne Sainte-Geneviève. Elle n'est pourtant pas un cas isolé. Depuis quelques années, les campus français sont le théâtre d'incidents analogues : des conférences boycottées, chahutées, voire annulées, sous prétexte que certains intervenants sont suspectés d'être réactionnaires, racistes, islamophobes, homophobes, transphobes ou misogynes… Alain Finkielkraut, Sylviane Agacinski, Raphaël Enthoven ou encore Mohammed Sifaoui ont dû affronter ces derniers mois des comités d'accueil les obligeant à ajourner ou déplacer leurs conférences.
Même l'ancien président de la République François Hollande – pourtant peu réputé pour la radicalité de ses opinions – n'a pu tenir conférence à l'université de Lille le 12 novembre. Signe du destin, il devait y évoquer son dernier ouvrage Répondre à la crise démocratique (Fayard). L'amphi a été envahi par une centaine d'étudiants au cri de « Hollande assassin », en soutien au jeune Anas, qui avait tenté de s'immoler dans un geste politique contre la précarité des étudiants. Des livres sont déchirés, jetés à terre. Et la conférence est finalement annulée. L'université française, où le chahut fait partie du folklore, aurait-elle franchi un cap en renonçant à la confrontation des points de vue, de peur d'indisposer une minorité d'activistes radicaux ?
Lire aussi Coignard – Conférence empêchée, livres déchirés : les petits soldats du totalitarisme
« Le salaud ne parlera pas ! »
« Empêcher quelqu'un de parler, déchirer des livres… c'est d'une bêtise insondable ! » s'agace Daniel Cohn-Bendit. Pour celui qui fut surnommé « Dany le rouge », les mouvements qui se radicalisent glissent systématiquement vers une vision totalitaire : « Ceux qui agissent de la sorte n'ont rien compris. Si on est libéral libertaire et que l'on défend une société ouverte, il faut être capable de débattre avec ceux que l'on combat, c'est la base de la démocratie ! La liberté d'expression, ce n'est pas que pour les copains, c'est aussi pour l'adversaire. Ces actions laissent imaginer ce qu'il adviendrait si ces gens arrivaient au pouvoir… » s'emporte l'ancien leader étudiant, plus consterné qu'inquiet.Les manifestants ont renversé les livres, certains l'ont dechiré et jeté à terre. © Baziz Chibane / MAXPPP / PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPPBazi
Jean-Luc Mélenchon, qui incarne une certaine radicalité de l'action politique à gauche, condamne fermement le procédé. Lorsque Sylviane Agacinski a été empêchée de tenir une conférence sur « l'être humain à l'époque de sa reproductibilité technique » à Bordeaux en octobre, il a réagi sans ambiguïté : « Honte à cet odieux sectarisme. D'accord ou pas avec elle, cette philosophe est un grand esprit. Elle nous aide à penser. Je partage son raisonnement sur la GPA. » L'intellectuelle, taxée « d'homophobie » par des militants à la mémoire courte (elle a défendu le mariage gay), ne souhaite pas revenir pour le moment sur l'incident.
Les étudiants prêts à tout pour ne pas avoir à se confronter à d'autres idées que les leurs semblent de plus en plus nombreux et de plus en plus décidés, galvanisés par la publicité faite à leurs coups d'éclat. « Il est facile de faire annuler un événement », explique l'essayiste et sociologue canadien Mathieu Bock-Côté, qui observe le phénomène depuis les deux rives de l'Atlantique. « Cela permet à de jeunes personnes excitées par l'idéologie et tentées par la radicalité d'entrer directement dans l'action, sans passer par la laborieuse étape de l'argumentation et de la discussion. Du passé, ils ne savent pas grand-chose, sinon qu'il faut s'en libérer, pour affranchir les mille minorités marginalisées par une civilisation occidentale toxique et discriminatoire. » Pour l'intellectuel conservateur, la culture générale de ces jeunes gens est mince, « pour ne pas dire inexistante. Soyons encore plus sévères : ils n'ont de culture, souvent, que l'idéologie qu'ils viennent de consommer. Elle leur donne l'impression de penser et le droit moralement de se révolter. Contre l'ennemi du moment, on hurle des slogans jusqu'à l'extase collective, et on a l'impression, une fois l'événement annulé, d'avoir remporté une bataille contre la bête immonde ! Le salaud ne parlera pas ! » Une pratique qui consacre le pouvoir de « minorités idéologiques fanatisées » au cœur de l'université qui se donnent ainsi le droit de déterminer qui « pourra ou ne pourra pas avoir accès à l'espace public ».
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Rapports de force
La majorité des cas d'entraves ne s'encombre pas d'une réalité qui viendrait contredire des certitudes fermement enracinées dans une lecture du monde très idéologisée. Quitte à virer à l'absurde. Ainsi une intersyndicale de la Sorbonne n'a-t-elle pas hésité à exiger l'annulation d'une formation sur la prévention de la radicalisation destinée à des imams envoyés par la Grande Mosquée de Paris. Motif invoqué par les protestataires : cette formation serait « raciste » et « stigmatisante pour les musulmans ». Sous la pression, l'université a annulé la formation, à laquelle quarante imams étaient inscrits. La vraie raison de cette poussée de fièvre tient au nom de celui qui devait diriger le cursus : Mohamed Sifaoui, journaliste et essayiste connu pour ses positions anti-islamistes et anti-Frères musulmans. Il « a choisi son camp : celui d'une islamophobie républicaine qui tente de se cacher derrière un discours de défense de la laïcité », estiment les contributeurs du site Révolution Permanente dans un long article dédié à cette affaire. L'a-t-on seulement interrogé sur ses intentions ? « Personne ne m'a approché pour évoquer le contenu de mon module, condamné sur la base d'un simple intitulé qui déplaisait : Prévention de la radicalisation », répond Mohammed Sifaoui.L'entrave au discours – et donc à la pensée – n'est pas une méthode propre à l'extrême gauche, mais celle-ci en a fait un outil privilégié de son mode d'action. La pratique reste le fait de militants que l'on peut croiser dans différentes organisations politiques ou syndicales comme la branche étudiante du syndicat Sud (Solidaires Etudiant-e-s), certaines antennes locales de l'Unef et du NPA. « Arrêtons de dire qu'on empêche le débat », proteste Chloé, porte-parole de Solidaires Etudiant-e-s, qui a participé aux actions contre la conférence de François Hollande à Lille. « Ces invités s'expriment partout, et une conférence n'est pas un lieu de débat : on écoute religieusement l'invité en lui posant deux-trois questions à la fin. Pour nous, le vrai débat commence quand il y a altercation et qu'on visibilise les questions. À Hollande, on lui a même fait de la pub ! » Si la syndicaliste considère que l'université doit être un lieu de production d'un « savoir critique et émancipateur », cela ne lui semble pas compatible avec le fait de donner une « tribune à un président qui a causé un énorme recul des droits sociaux », ou à des personnes condamnées pour sexisme ou racisme. Pour la jeune femme, l'entrave à la parole permet de créer un rapport de force. « Nous, nous n'avons pas d'autres moyens de faire entendre notre voix, nous n'avons jamais de relais dans les médias : c'est uniquement quand nous avons des martyrs que nous sommes écoutés », poursuit-elle, en faisant référence à ce jeune responsable syndical qui s'est immolé devant le crous de Lyon. Sur quels critères la parole d'un intellectuel ou d'un politique est-elle considérée comme entendable ? « On n'a pas de liste. C'est à l'université de décider ce qui est légitime ou non, et finalement nous venons pallier ses manquements. » Heureusement, les militants veillent…
« À l'université, la parole est en train d'être surveillée »
Isabelle Barbéris, maître de conférences à Paris-Diderot et auteur de L'Art du politiquement correct (PUF), raconte comment il faut composer avec des groupes de pression de mieux en mieux organisés. « Il y a un an et demi, j'ai voulu faire venir le spectacle de Charb, Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes. Il avait déjà été empêché de jouer à Lille et j'ai vu à ce moment-là des ligues, très minoritaires mais très impressionnantes, passer à l'action. » Solidaires Etudiant-e-s notamment, et une partie de l'Unef ainsi que des militants décoloniaux. Le spectacle a finalement eu lieu sous surveillance policière rapprochée, « ce qui a permis ensuite à certains de dire que c'était un spectacle policier… » Mais surtout, l'effet d'intimidation a fonctionné, car dans la foulée, « comme s'il fallait se racheter, des collègues ont organisé un grand colloque indigéniste ». Isabelle Barbéris dit aujourd'hui rester sur ses gardes – après avoir fait l'objet d'une plainte (fantôme) pour homophobie, dont le seul but était de lui nuire… « Je sais que les étudiants peuvent pétitionner ou faire pression, on sent bien qu'on est surveillés, qu'il ne faut pas avoir un mot plus haut que l'autre. Il y a une hypersensibilité étudiante que je ne voyais pas avant. »Lire aussi Le « décolonialisme », une stratégie hégémonique : l'appel de 80 intellectuels
Y aurait-il une gêne, un tabou dans l'Université française ? « Les cas médiatisés ne sont que la partie émergée de l'iceberg », assure Morgane Daury, professeure de droit à l'université d'Amiens, autrice d'un appel à protéger la liberté d'expression paru le 13 novembre dans Le Figaro. « Tous les collègues avec qui j'en ai discuté me parlent de cas similaires. Depuis deux ou trois ans, le phénomène s'amplifie. Moi-même je l'ai vécu, dans mon université qui est pourtant assez tranquille. J'avais organisé il y a un an et demi une conférence sur l'affaire Jacqueline Sauvage et sur les questions de droit passionnantes qu'elle soulevait : la présomption de légitime défense, par exemple, ou le droit de grâce présidentiel. Nous avons été interrompus, et nous avons finalement été contraints d'annuler la discussion. Ces gens-là sont peu nombreux, mais parfaitement capables d'empêcher une parole de se tenir. » À quoi s'ajoute, selon Isabelle Barbéris, une autocensure des professeurs eux-mêmes qui, par lâcheté, légèreté ou fatigue, finissent par éviter certains sujets dont ils savent d'avance qu'ils provoqueront l'émoi. Voire s'appliquent à donner des gages de rectitude morale pour gagner la paix. « À l'université, la parole est, comme partout ailleurs, en train d'être surveillée et de se surveiller elle-même », déplore un professeur de philosophie, qui supporte avec difficulté cette situation orwellienne.
Un phénomène « marginal, mais stratégique »
Chez les étudiants non plus, il ne fait pas bon s'opposer aux courants dominants. Eliott Savy en sait quelque chose. Cet étudiant de Lyon-II s'est publiquement opposé aux « dérives idéologiques omniprésentes » de sa fac et a fait l'objet de menaces et de tags menaçant de le « grand-remplacer ». « J'ai simplement raconté comment l'administration avait ouvertement pris position en faveur des migrants en banalisant les cours et incitant à aller manifester devant la préfecture. » En réponse aux menaces, l'étudiant a saisi le procureur et l'université a publié un communiqué « réussissant le tour de force de ne pas condamner les actes dont je faisais l'objet », raconte Eliott Savy. Le jeune homme prévoit de monter une association pour organiser dans sa fac des événements « hors cadre idéologique »… Il aimerait faire venir notamment Élisabeth Badinter et Zineb El Rhazoui sur le thème de la laïcité… « Ça devrait hurler », se réjouit-il d'avance.Pour le sociologue Gérald Bronner, spécialiste de la pensée extrême et des radicalités, ce qui se passe dans les universités sur la liberté d'expression est « marginal, mais stratégique. On justifie le recours à la violence physique au nom de la violence symbolique que l'on subirait. Cette défense idéologique commune aux extrêmes ouvre la porte à la justification des violences physiques. C'est une petite musique très préoccupante ». Comme ce sociologue apôtre de la démarche scientifique le démontre dans ses travaux, l'un des traits caractéristiques de la radicalité est la tolérance à l'égard de la violence. « Certains disent qu'ils condamnent les violences mais qu'ils les comprennent. On voit bien qu'il y a des porosités entre les discours… Entre la violence symbolique et la violence physique, il y a une différence de nature, pas de degré. » Le spécialiste revient sur cette idée du « j'ai le droit de le dire » qui est pour lui la marque d'une « revendication idéologique d'égalitarisme qui refuse la dissymétrie entre l'enseignant et l'élève ». Ce phénomène est encouragé par ce qu'il désigne comme une « épidémie de sensibilités. Il faudrait protéger les étudiants d'un discours jugé offensant. Mais la connaissance a des droits que la croyance ne peut pas revendiquer ! Apprendre, c'est risquer d'être déstabilisé dans sa vision du monde ».
Une confusion « catastrophique et ruineuse »
La sociologue Nathalie Heinich s'alarme, elle aussi, de cette confusion « catastrophique et ruineuse entre le monde du savoir et celui de l'opinion, entre l'arène académique et l'arène politique ». « La liberté académique n'est pas la liberté d'expression, rappelle-t-elle. Elle suppose qu'un chercheur puisse tenir des positions sans rencontrer d'autres contradictions que celles de ses pairs, portées par des raisonnements scientifiques. Cette spécificité est désormais niée : au sein même de l'université, on oppose à des intellectuels des arguments de pure idéologie ». Un phénomène d'autant plus grave, estime-t-elle, que tous les totalitarismes ont commencé par de telles attaques. « Les conférences et les journées d'étude sont justement des lieux où les idées s'agitent, où il y a de la vitalité intellectuelle. En acceptant de les voir annuler, on va droit vers une pensée uniforme, c'est-à-dire médiocre », déplore de son côté Morgane Daury.Pour l'essayiste Pascal Bruckner, qui a enseigné dans les universités américaines, ce phénomène du « no platform » (pas d'estrade) est un pur produit d'importation. « L'horreur américaine débarque chez nous, on devient le perroquet de ce qui se fait de pire dans l'université américaine où des nazillons d'extrême gauche considèrent que tout ce qui dépasse devrait être interdit ! L'extrémisme des uns et le conformisme des autres rendent possible cet effet de censure. Le pire, c'est que ce nouveau fascisme se présente sous les traits du progressisme », s'emporte l'essayiste, auteur d'Un racisme imaginaire. La querelle de l'islamophobie (Grasset-Fasquelle).
Lire aussi Débat Bruckner-Shellenberger : « L'Occident est fatigué et déprimé »
Sans parler d'« horreur », Hélène Merlin-Kajman, professeure de lettres à Paris-III, s'est longuement penchée, pour s'en inquiéter, sur le « trigger warning » américain, cette façon d'avertir un auditoire, notamment étudiant, que le contenu d'un cours est susceptible de le choquer… et de lui permettre de s'y soustraire. Le but affiché : créer un espace d'enseignement où il soit tenu compte de la sensibilité ou de l'histoire personnelle des étudiants. Pour Hélène Merlin-Kajman, au contraire, la pratique revient à « recatégoriser » les individus de façon à ce qu'ils deviennent « statutairement des victimes, des victimes réelles ou des victimes en puissance ». Terminées les communautés de lecteurs, place à un « découpage de la société en statuts », auxquels la transmission des textes, entre autres, est sommée de s'adapter. La pratique n'existe pas encore en France. Pour combien de temps ? En 2017, une association féministe de l'ENS-Lyon sommait le jury d'agrégation de se prononcer sur le « viol » contenu selon elle dans un poème d'André Chénier avec l'intention, notamment, de protéger de futurs élèves…
Instrumentalisations
L'idée selon laquelle les étudiants ne devaient pas être exposés à des idées offensantes est devenue majoritaire dans l'université américaine. « En 2017, d'après une enquête, c'était ce que déclarent 58 % des étudiants. L'université Evergreen, au sud de Seattle, est l'exemple monstrueux de cette dérive », explique Michèle Tribalat, démographe considérée comme « malpensante » par une partie de la gauche en raison de ses travaux sur l'immigration. Le combat pour la justice sociale est passé de mode. « Jonathan Haidt et Greg Lukianoff avaient dénombré dans leur livre The Coddling of the American Mind 379 incidents de ce type depuis 2000, venant aussi bien de la droite que de la gauche. Mais, à partir de 2013, la plupart des conférenciers désinvités l'avaient été par des mobilisations de gauche », relève-t-elle. L'attention se focalise désormais sur « les questions identitaires construites autour de la notion d'intersectionnalité [genre, race, LGBTQ…] et, en France notamment, autour de l'islamisme et de la question décoloniale, avec une instrumentalisation évidente du racisme », explique la démographe.La jonction entre le mouvement décolonial et le mouvement « intersectionnel » est précisément ce qui inquiète Gilles Denis, professeur à Lille-I et fondateur de Vigilance Universités. Ce réseau s'est formé en 2016 pour lutter contre le racisme et l'antisémitisme dans les facultés. Mais de nouveaux problèmes sont apparus : « Le discours décolonial se joint désormais aux courants intersectionnels, qui apparaissent comme profondément progressistes et séduisent les étudiants. C'est là le vrai danger », estime Gilles Denis. « Tout cela intervient dans un moment où le politique est affaibli », ajoute Laurent Loty, professeur de Lettres modernes à l'université Paris-Diderot et également membre du réseau.
Réveil identitaire
Pour l'universitaire Laurent Bouvet – ancien socialiste et fondateur du Printemps Républicain –, le réveil des revendications identitaires est manifeste depuis 2015. « Je formule l'hypothèse qu'il y a eu un durcissement du refus de se plier au diktat républicain dans une partie de l'extrême gauche au lendemain des attentats… » Le succès de ces pratiques et idées s'expliquerait aussi par la sociologie d'un public étudiant qui ne peut que constater le décalage entre la réalité de l'université et ses attentes : « On leur a promis des études supérieures et l'amélioration de la condition sociale qui va avec. On leur a dit qu'ils auront le bac et qu'ils pourront aller à l'université, mais on se rend bien compte aujourd'hui que beaucoup ne sont pas capables de suivre des études supérieures. Ils n'obtiennent pas les diplômes qu'ils espéraient et cela génère des insatisfactions. Certains deviennent aigris, hostiles au système et donc très perméables aux discours antisystèmes, aux idéologies victimaires, identitaires, misérabilistes. » L'intellectuel pointe en outre le système électoral des présidents d'université, contraints de contenter des conseils aux sensibilités multiples, et enclins à un prudent « pas-de-vaguisme ».Le 4 novembre, un collectif d'universitaires, dont Nathalie Heinich, Pierre Nora ou Marcel Gauchet, publiait dans Le Monde une tribune exhortant les chefs d'établissement à défendre la liberté académique. Ils s'y disaient indignés « que des combats légitimes [la lutte contre le racisme, le sexisme, l'homophobie] soient accaparés par des ennemis des règles démocratiques, des lois républicaines et de l'autonomie du savoir ». Mais indignés aussi « que des présidents d'université, chargés de faire respecter la liberté académique et la circulation des savoirs, [acceptent], trahissant ainsi leur mission, de céder aux menaces d'un quarteron de militants ». Cet appel a-t-il été entendu ? Gilles Denis croit assister à une forme de réveil. À Bordeaux, la présidente de l'université s'est ainsi engagée à proposer une nouvelle date à la conférence annulée de Sylviane Agacinski. « La conférence des présidents d'université s'est emparée du sujet, le comité d'éthique du CNRS a réagi. Les gens commencent à comprendre de quoi il retourne réellement dans ces mouvements dont les combats pouvaient, a priori, sembler sympathiques », estime Gilles Denis. Des mouvements qui finissent par desservir la cause qu'ils prétendent défendre ? « C'est le propre de la censure violente d'accréditer les opinions qu'elle attaque », écrivait Voltaire.
Le cauchemar EvergreenC'est
l'histoire d'un naufrage, devenu le symbole et l'épouvantail de ce
qu'une idéologie peut produire de plus sombre. L'université américaine
Evergreen, dans l'État de Washington, a basculé en quelques semaines
d'un noble combat contre les discriminations à une chasse aux sorcières
des plus affolantes. Depuis les années 1970, l'université organisait une
« journée de l'absence », durant laquelle les étudiants noirs
quittaient le campus afin de mettre en évidence la place qu'en temps
normal ils y tenaient. En 2017, la « journée de l'absence » prend un
nouveau tour : ce sont cette fois les Blancs qui sont priés de ne pas
mettre les pieds sur le campus. Un professeur de biologie s'en émeut :
« Il y a une grande différence, explique Bret Weinstein dans une lettre à
une collègue, entre un groupe qui décide volontairement de s'absenter
d'un espace commun afin de mettre en évidence son rôle vital et
sous-estimé, et un groupe qui encourage un autre groupe à s'en aller.
[…] C'est une démonstration de force et un acte d'oppression. » L'homme
est un progressiste, soutien de Bernie Sanders, ses engagements sont
connus. Mais le courrier, rendu public, est jugé raciste par les
activistes de l'université. Bret Weinstein est chahuté, insulté, menacé
même. Désavoué par sa direction, il finit par démissionner. Faut-il
redouter de telles dérives collectives en France ? Les militants
hexagonaux pour la liberté d'expression sur les campus gardent, tous, le
cas en tête.
Et ailleurs ?Le
phénomène qui consiste à priver de parole ceux dont l'opinion déplaît
dépasse largement le strict cadre de l'université. Il suffit pour s'en
convaincre d'observer la virulence des réactions lors des tentatives de
réunions publiques sur le compteur Linky ou l'impossibilité de mener
certains débats pourtant organisés par la Commission nationale du débat
public (CNDP), une instance censée maîtriser l'art de la confrontation
des points de vue. À ce propos, Jean Bergougnoux conserve un souvenir
ému de l'impossible débat qu'il avait tenté de mener sur les
nanotechnologies en 2009 : « Le débat public avait été fagocité par des
opposants qui ne cherchaient pas à argumenter, mais simplement à
organiser le chahut », se souvient-il. « Entre les libertaires
convaincus et les transhumanistes qui ne voyaient pas d'inconvénient à
implanter une âme humaine dans des machines, le débat était impossible à
tenir. »
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