lefigaro.fr par Eugénie Bastié
Une université annule une conférence de Sylviane Agacinski sur la GPA en raison de «menaces»
Le
débat n’est visiblement pas «serein». Une conférence sur «L’être humain
à l’époque de sa reproductibilité technique» de la philosophe Sylviane
Agacinski, connue pour son opposition à la GPA, prévue ce jeudi à
l’université Bordeaux Montaigne, sur le campus de Pessac, a été annulée.
La direction de l’établissement a estimé que «face à des menaces violentes», elle ne pouvait «assurer pleinement la sécurité des biens et des personnes, ni les conditions d’un débat vif mais respectueux». «Cette
manifestation de censure est une atteinte excessivement grave et
violente à la confrontation des idées à laquelle notre université est
attachée», dénonce l’Université sur son site internet.
«Je ne tiens pas à me victimiser», confie Sylviane Agacinski. Pourtant, c’est la première fois qu’une telle chose lui arrive: «Je n’ai jamais vu ça. Ce climat d’intimidation est récent.» La philosophe précise qu’elle n’en veut pas à l’université et comprend la difficulté à «résister à des groupes qui excluent toute critique, y compris celles inspirée par le respect des personnes». Elle déplore «une
forme de terreur intellectuelle qui affecte gravement l’état du débat
public. Il devient très difficile de débattre en France». Cet épisode n’est pas sans rappeler les remous suscités par des étudiants de gauche, en avril dernier, à l’occasion de la venue d’Alain Finkielkraut à Sciences Po. Le débat s’était finalement tenu mais sous protection policière.
«Réactionnaires, transphobes et homophobes»
À
l’origine de cette mobilisation contre Sylviane Agacinski, un
communiqué du syndicat «Solidaires étudiant-e-s Bordeaux» et des
associations GRRR, Riposte trans, Mauvais Genre-s et WakeUp! datant du 6
octobre. Intitulé «L’université Bordeaux Montaigne invite une homophobe notoire pour parler PMA/GPA», ce dernier appelait les «étudiant-e-s à se mobiliser contre la venue de cette conférencière au sein de leur lieu d’étude» et à mettre «tout en œuvre afin que cette conférence n’ait pas lieu». Sans préciser quels seraient les moyens de pression utilisés... «Dans
un contexte d’homophobie et de transphobie décomplexées (médias,
manifestations anti-PMA, agressions, refus de la PMA aux personnes
transgenres,…), il est dangereux et inconscient que l’Université offre
une tribune à une personne aux discours dignes de la Manif Pour Tous», interpellait également cet appel après avoir qualifié de «réactionnaires, transphobes et homophobes» les prises de position de la philosophe et auteur du Corps en miettes.
«Des
groupes ont décidé d’empêcher la tenue d’un échange légitime et
évidemment contradictoire sur ces questions d’ordre éthique et juridique
dans le contexte des débats actuels sur la PMA et la GPA», ont de leur côté expliqué les organisateurs de ce cycle de conférence. Cette «manifestation de censure» constitue «une atteinte excessivement grave et violente à la confrontation des idées à laquelle notre université est attachée, ont-ils déploré. Empêcher la discussion au sein d’une communauté participe d’une dérive liberticide». «Ce
sont des conférences organisées de manière bénévole, et non
institutionnelle. Il n’était pas possible pour nous de faire faire le
déplacement à Sylviane Agacinski sans pouvoir lui assurer la tenue d’un
débat respectueux et contradictoire. Nous ne voulons pas mettre les
conférenciers en danger moral ou physique. Aujourd’hui, les esprits sont
trop échauffés à cause de l’examen sur la loi de bioéthique», précise une des organisatrices de ces conférences, Béatrice Laville.
«Sommes-nous encore en démocratie?»
Jeudi après-midi, la polémique a commencé à enfler. «Sommes-nous encore en démocratie?» s’est notamment indigné sur Twitter le philosophe et eurodéputé LR, François-Xavier Bellamy. «Incroyable
qu’une intellectuelle reconnue soit empêchée de s’exprimer dans une
université, au seul motif qu’elle est engagée depuis longtemps contre la
marchandisation du corps... Tout mon soutien à Sylviane Agacinski».
«C’est
une atteinte à la liberté d’expression qui justifierait une réaction
des pouvoirs publics pour garantir cette liberté, notamment au sein de
l’université, interpelle un membre du CoRP, le collectif pour
l’abolition de la maternité de substitution (GPA), auquel participe
Sylviane Agacinski. Les associations en question, en voulant par
tous les moyens réduire au silence celles et ceux qui ne pensent pas
comme elles, utilisent des méthodes qui relèvent d’une forme de violence
politique propre aux mouvements totalitaires».
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Source Figaro Vox
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