Monsieur le Président, ne jouez pas à l’illusionniste
Monsieur le Président, le compte n’y est pas. Nous attendrons bien sûr vos propres déclarations pour juger vos décisions mais les informations diffusées par la presse sont inquiétantes. Si vous deviez vous en tenir à cela, non, vraiment, Monsieur le Président, le compte n’y serait pas et ceux qui comme nous, Gilets jaunes et non Gilets jaunes, ont cessé de soutenir les manifestations hebdomadaires, diront haut et fort que vous avez joué à l’illusionniste.
Donner du pouvoir d’achat, maintenir les services publics là où les territoires se vident, permettre à chacun de vivre dans la dignité et de rebondir quand la vie leur joue un mauvais tour, ce n’est pas de la charité, c’est l’investissement dont le pays a besoin.
Le cas des dix milliards que, sous la pression des Gilets jaunes, vous avez versés aux Français les plus modestes, est significatif : en ce premier trimestre, ils ont dopé la croissance sans pénaliser les grands équilibres du pays et il y a très longtemps que les prévisions d’embauches n’avaient été aussi élevées qu’en ce mois d’avril.
Le maintien des services publics n’est pas une dépense mais un investissement pour notre peuple et pour la planète : cela donnera un coup de frein aux transports de marchandises d’un bout à l’autre de la terre. Repeupler la France des ronds-points, c’est recréer une économie de proximité, permettre aux Français de vivre et de travailler là où l’agriculture produit et là où les usines et les services peuvent de redéployer. Il n’y aura pas de réindustrialisation dans un pays où les formations, la richesse et la culture seront monopolisées par les grandes métropoles, Paris en tête. Et ces métropoles elles-mêmes ne seront jamais assez riches pour nourrir la France d’en bas si vous laissez le fossé des inégalités se creuser.
Alors, quand les pauvres seront encore plus pauvres, quand les territoires perdus seront encore plus vides, vous n’aurez d’autres alternatives que de continuer à vendre à des puissances financières, le plus souvent étrangères, les richesses de la France. Comme l’a fait la Grèce en vendant, il y a déjà trois ans, son principal port à des Chinois. Comme vous vous apprêtez à le faire en vendant Aéroports de Paris. Redonner de la richesse à l’autre France, c’est donner une chance à toute la France et, au-delà, à l’Europe, de tenir sa place dans la compétition mondiale par rapport aux grands blocs, Etats-Unis et Chine en tête. La France périphérique est la chance du pays, pas son boulet. C’est la France des territoires, celle du patrimoine, celle de la générosité et celle des forces vives du pays.
Remettre les services publics sans suivre aveuglément la courbe de la démographie, c’est permettre aux jeunes de rester et d’étudier près de chez eux, aux familles monoparentales (un quart de la population !) de vivre, de travailler et de faire tourner l’économie locale sans avoir besoin de nouvelles aides publiques, ces aides qui ne sont que des rustines posées en attendant la crevaison finale. C’est permettre aux Français qui y vivent de créer de l’activité dans ce cadre et au milieu de ce patrimoine que le monde nous envie. C’est permettre aux retraités de vivre décemment, avec non seulement une indexation de leurs pensions sur l’inflation mais aussi un rattrapage du pouvoir d’achat perdu. C’est réduire les distances parcourues et enfin lancer dans cette 2e France de véritables transports doux, de proximité. A condition de ne pas se fixer cette règle technocratique des 30 minutes d’éloignement. A Paris, faut-il 30 minutes pour aller au premier hôpital ? Pour aller à l’école ? Et à condition d’oublier cette religion du tout internet, cette fausse bonne idée qui consiste à croire que le numérique remplacera l’humain. Si le seul remède proposé pour remédier à la pénurie de services publics et des déserts médicaux est la multiplication des services par internet en guise de guichet, pourquoi pas un hologramme en guise de médecin ?
Quant au pouvoir d’achat de tous les salariés, particulièrement des plus modestes, ou bien vous faîtes l’impasse sur le sujet en vous abritant sur le « parachute social » sensé venir en aide à ceux qui tombent trop bas, mais jusqu’à quand ? Ou bien vous décidez de donner un coup d’accélérateur à une juste redistribution des ressources du pays, et vous invitez les partenaires sociaux, patronat en tête, à se mettre autour de la table. Tout ce qui sera alors redistribué sera consommé et investi sur place. Les pauvres n’épargnent pas !
Ingrid LEVAVASSEUR Éclosion Démocratique
Il manque seulement la réfèrence à l'euro et à l' EUROPE qui imposent l'austérité la déflation salariale pour respecter les sacro saints 3% de déficit publique.
RépondreSupprimerPeut être pense t elle tout naturellement à la France et aux Français avant de penser à l'Europe des technocrates déconnectés et de la finance ...
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