Il faut voir l'évolution sociétale sur le temps long, depuis les romains et la chute de l'empire, le moyen-âge et la société féodale, le siècle des lumières, la révolution industrielle, les deux guerres mondiales 1914-1945, les trente glorieuses 1945-1975, les vingt piteuses, la mondialisation et maintenant l'internet le smartphone et les réseaux sociaux; aujourd'hui le contexte du changement climatique, du terrorisme, des tensions internationales, de l'émergence de la Chine et de l'Inde qui adoptent le même modèle, cela appelle à une adaptation voire à un changement complet de paradigme.
La révolution industrielle a commencé en Angleterre à la fin du 18è siècle avec la machine à vapeur, puis l'exploitation du charbon et du fer et de la production d'acier; ces innovations ont été appliquées à l'exploitation des mines et à la construction des chemins de fer, l'innovation majeure depuis les romains, pour la mobilité des personnes et des biens. Le capitalisme que nécessitait ce modèle économique, cad. la mobilisation des ressources pour créer les moyens de production, s'est répandu progressivement à toute l'Europe occidentale puis dans le monde entier lors de la colonisation. Ce fut la première mondialisation.
C'était un modèle de production d'infrastructures et d'industries primaires: mines, sidérurgie, chemins de fer, machines textiles. La production et la consommation de biens et de services - en dehors des textiles - était encore très limitée et semblable à ce qu'elle était depuis le moyen-âge; sauf que les gens devaient aller travailler dans des ateliers, mines et usines loin de leurs campagnes, où ils étaient rassemblés pour produire selon les procédés industriels de mise en oeuvre d'outils, de machines et d'équipements, beaucoup plus puissants qu'avant. Les luttes sociales avaient pour but d'obtenir des conditions de travail correctes: temps de travail journalier et hebdomadaire, hygiène et environnement. Les travailleurs étaient les hommes; les femmes restaient au foyer.
La consommation de biens particuliers commença avec la production de voitures individuelles en Amérique; cela fut suivi rapidement par la production de biens d'équipement ménagers: frigidaires, machines à laver, radios, machines à coudre... Naturellement il fallut que la production et la consommation s'équilibrent cad. que les coûts de production correspondent aux salaires payés pour que les gens puissent acheter la production par des échanges. C'était le début du modèle économique de production et consommation de masse. Les temps modernes de Charlie Chaplin en ont fait le tableau.
L'équilibre entre la production et la consommation n'était pas une identité permanente; il y avait des "crises" lorsque la production excèdait la consommation après une période d'investissements, engagés pour satisfaire une demande croissante de produits existants, ou de produits nouveaux par l'innovation et le progrès technique, résultant de la croissance de la population et de l'augmentation de sa prospérité. Cycles et crises économiques.
Ce processus fut arrêté par la 1ère guerre mondiale en Europe 1914-1918; et quand on voulut reprendre les choses comme avant, cela provoqua la plus grande des crises économiques 10 ans après la fin de la guerre en 1929. Cette crise de 1929 fut particulièrement grave en Amérique où ce modèle de production consommation de masse s'était développé: il y avait plus de 25% de chômeurs. En Europe, à cause de la défaite de l'Allemagne et des conditions du traité de paix imposé au pays en 1918, la situation amena l'arrivée de Hitler et des nazis au pouvoir ce qui aboutit en 1939 au déclenchement de la 2è guerre mondiale qui dévasta le monde en Europe et en Asie et provoqua plus de 50 millions de morts civils et militaires. En Asie ce fut la volonté d'hégémonie du Japon sur la région - peu doté en matières premières de base pour ce modèle économique - qui provoqua l'affrontement avec la Russie en 1905, puis avec la Chine en 1932 et 1937 et avec l'Amérique en 1941. L'attaque de la flotte américaine à Pearl Harbour en décembre 1941 fut le point de départ de la guerre en Asie de 1941 à 1945. Expansionisme du Japon.
C'est après la guerre, à partir de 1945, sous l'influence des américains grands vainqueurs de la guerre en Europe et au Japon, que le modèle de production consommation de masse se développa en Europe et au Japon donnant aux populations d'Europe occidentale et d'Amérique une prospérité qu'on avait jamais connue auparavant. C'était une période de reconstruction de l'Europe dévastée par 5 ans de guerre et d'alignement sur le modèle américain. Cette période de croissance économique de 4.5-6% par an, désignée aujourd'hui comme la période des "trente glorieuses", dura jusqu'en 1973. Elle fut facilitée par l'énergie abondante et bon marché du pétrole, du moteur à explosion, de la voiture individuelle, des transports routiers, de la construction d'infrastructures routières, de ports et d'aéroports. C'était une époque de plein emploi, de hausse des revenus et des salaires pour tous. C'était aussi l'époque en Europe et en France, où les institutions de l'état s'étendirent avec les services de santé, l'éducation, les retraites, les grandes infrastructures et services publiques: charbonnages, mines de fer, nucléaire, SNCF, EDF, ports, aéroports... et le développement du système des grandes surfaces commerciales comme aux Etats-Unis.
Aujourd'hui en 2018 ce modèle est à bout de souffle. Le chômage de masse s'est installé pour une partie importante de la population active nécessitant des transferts sociaux; la stagnation économique a pour conséquence la stagnation des salaires, tandis que les coûts de fonctionnement des services publiques ne cesse de croître. C'est une situation qui perdure depuis 2008, que ni les 5 ans de présidence de Sarkozy ni celles de Hollande n'ont pu infléchir.
C'est pour tenter de répondre à cette attente que Macron a été élu président de la République en mai 2017 puis conforté par une majorité absolue à l'Assemblée Nationale en Juin. Il a balayé toutes les formations politiques d'avant et supplanté largement les oppositions des deux extêmités du paysage politique: FN, les Insoumis, le parti communiste et le NPA. Heureusement en un sens; car le pays dispose aujourd'hui d'une opinion majoritairement favorable au changement. Mais quel changement? Retour au paradigme des trente glorieuses? Ou changement complet de paradigme? Travail pour tous par action sur la croissance ou sur le temps de travail? Croissance ou décroissance de la production et de la consommation?
Un élément important dans ce paysage est le changement complet de la monnaie, de sa nature et de son mode de création et de distribution entre tous les acteurs de l'économie et de la société.. C'est un élément encore mal compris par la plupart des observateurs. La monnaie aujourd'hui c'est le crédit que les banques font aux ménages et aux entreprises par inscription sur leur comptes en banque; la monnaie fiduciaire, pièces et billets, c'est moins de 7% de la masse monétaire en circulation qui permet toutes les transactions entre producteurs et consommateurs qui constitue le PIB. En accordant un crédit, une banque achète une promesse de remboursemment.
Un autre élement important du paysage c'est la dépense publique permise par la taxation et par le déficit et la dette publiques. Avec la monnaie moderne qui n'est plus liée à aucune commodité - or ou monnaie étrangère, le pouvoir de création monétaire par l'état souverain est sans limite ni contrainte, autre que d'éviter l'inflation des prix de biens et services de consommation ou des actifs mobiliers et immobiliers (bulles). Mais la France ne peut utiliser ce moyen pour gérer son économie à cause de l'Euro et des critères de Maastricht - imposés par l'Allemagne lors de la création de l'euro - qui limitent le déficit à 3% du PIB et la dette à 60%. Pire le déficit naturel - hors intérêts de la dette - doit être limité à 0.5%. Ces contraintes imposent l'austérité à la France comme aux autres pays du sud de l'Europe. Austérité sous forme de réduction des salaires et des dépenses publiques. Or les dépenses publiques sont les revenus de tous les français. En effet, toute dépense publique finit dans les comptes bancaires des ménages et des individus.
Les relations causales: innovation productivité et croissance économique, sont représentées sur le graphisme ci-dessous: source: Yves Besançon, économiste, professeur de sciences économiques et sociales, et ancien Attaché de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Par la mondialisation, nous disposons de produits fabriqués dans des pays à bas coûts de main d'oeuvre mais nos exportations ne couvrent pas les importations car nos produits ne sont pas suffisamment hauts en gamme. Commerce extérieur de la France.
Aujourd'hui en 2018, par internet, les PC, tablettes et surtout les smartphones, les gens disposent d'une mobilité et d'une ubiquité universelle qui modifie complètement l'accès aux connaissances, le partage de celles-ci et les rapports sociaux. Il en est aussi des modes de consommation, de transport, de logement, de loisirs, et des modes d'achats par l'e-commerce. Ces innovations sont en train de modifier le rapport des gens avec le travail, notamment le travail salarié. Voir aussi Intelligence artificielle avec Laurent Alexandre.
Plus:
- Origines de la société de production consommation de masse
- Progrès technique, productivité et prospérité dans les pays développés
- Relations causales innovation productivité et croissance économique
- La monnaie moderne; crédit des banques aux acteurs économiques Richard Werner
- Evolution de la consommation en France de 1950 à nos jours
- Déficit et dette publiques
- Théorie moderne de la monnaie
- Nouvelle théorie monétaire 1/2
- Nouvelle théorie monétaire 2/2
- Bill Mitchell's blog on MMT
- La folie des banques centrales par Patrick Artus et Marie-Paule Virard
- Insoumission par Thierry Pech directeur de Terra Nova
- Chroniques de l'Anthopcène Alain Grandjean
- Manicore Jean-Marc Jancovici
- Adrastia
- Décroissance
- Laurent Alexandre et l'intelligence artificielle
- Que doit-on craindre davantage : l’intelligence artificielle ou la bêtise humaine ?
- Histoire de la révolution industrielle de 1705 à nos jours
- L'ingénierie du consentement de Edward Bernays
- .La notion de technique de Jacques Ellul
- Laurent Alexandre...avec Olivier Rey sur France Culture
- Le transhumanisme, ce nouvel eugénisme ? entretien croisé avec Olivier Rey sur gènéthique (La Croix)
- L'arrogance d'homo.Sapiens André Lebeau
- L'engrenage de la technique André Lebeau
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