À sa décharge, le candidat d'En marche! ne s'en était pas caché pendant la campagne. «Aux plus aisés des retraités, je demanderai cet effort pour avoir un système plus intelligent pour leurs enfants et leurs petits-enfants», a-t-il à plusieurs reprises déclaré lors de ses meetings.
Mettons quelques chiffres derrière ces mots. «Les plus aisés» sont tout d'abord, à croire le président, les retraités qui bénéficient d'une pension de 1200 euros par mois pour un célibataire - 1840 euros pour un couple - et qui subiront donc de plein fouet la future hausse de 1,7 point de la CSG. Au passage, cette barre a été singulièrement abaissée par rapport à son prédécesseur, François Hollande, qui qualifiait en 2007 de «riche» tout ménage gagnant plus de 4000 euros par mois, allant même jusqu'à dire qu'il ne les aimait pas…
Contrairement aux actifs, aux indépendants et aux fonctionnaires, ces retraités aisés n'auront aucune compensation directe - les salariés seront exonérés de 3,15 points de cotisations sociales - à la hausse de la CSG et ils ont donc là, avec cette hausse nette de la CSG, une première raison de se plaindre.
La deuxième concerne une fraction importante de ces mêmes retraités, ceux qui perçoivent plus de 1667 euros de pension par mois (toujours pour un célibataire, le double pour un couple), qui ne bénéficieront pas de l'exonération de la taxe d'habitation promise à 80 % des ménages. À ce double effort demandé aux retraités vient s'ajouter une mauvaise nouvelle de plus avec le report d'un an du prélèvement à la source. Certes, cette décision est bienvenue pour toutes les entreprises qui s'affolent à la perspective de devoir prélever elles-mêmes l'impôt sur les feuilles de paye de leurs salariés.
Mais elle vient aussi contrecarrer les plans de fin de carrière de nombreux salariés en âge de faire valoir leurs droits à la retraite à la fin 2017. Ils sont environ 700.000 dans ce cas, dont quelques dizaines de milliers à avoir volontairement retardé leur départ en retraite, jusqu'à la fin décembre 2017 ou au début de 2018, pour pouvoir profiter à plein de la suppression du délai d'un an entre la perception des revenus et leur imposition, principal avantage du prélèvement à la source. Dit autrement, si la réforme avait été maintenue aux dates prévues, soit une entrée en application en janvier 2018, ces futurs retraités n'auraient pas eu à payer d'impôt sur le revenu sur leur dernière année de salaire mais seulement sur leur future pension, forcément plus basse en raison des modes de calcul actuels.
Et la perte va être, pour certains retraités, plus que conséquente. Un exemple? Un salarié gagnant 8000 euros par mois qui doit partir en retraite à la fin de l'année - ou qui avait décidé de reporter d'un an sa date de liquidation - va donc payer environ 9000 euros d'impôt en plus, a calculé le cabinet Maximis, que si la réforme était effectivement entrée en application au 1er janvier prochain! Et ce, simplement parce que ce salarié va payer des impôts sur ses salaires de 2017 et non sur sa pension de 2018. S'il ne veut pas trop perdre dans l'opération, ce salarié proche de la retraite ne va pas avoir d'autre choix que de reporter d'un an son départ, du moins si son employeur le lui permet et en espérant que la réforme ne soit pas par la suite définitivement enterrée par le gouvernement Philippe!
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 09/06/2017.
Keep on writing, great job!
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Bonsoir,
RépondreSupprimersi j'ai bien compris l'article du Figaro, un retraité à 2000€ mensuels va perdre plus de 400€/an (+1.7% de csg) pendant que le cadre à 8000€ mensuels va, lui, gagner plus de 3000€/an supplémentaires (-3.15% des cotisations).
Le quinquennat commence sur les chapeaux de roues!
pas toutafé puisqu'il devra aussi payer les 1.7 points de CSG supplémentaires.
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