Sans attendre le verdict du second tour de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron, favori des sondages face à Marine Le Pen, devra rassurer sur une de ses faiblesses : le doute sur la majorité parlementaire dont il pourrait disposer. Ce doute n'est pas seulement un des angles d'attaque de ses adversaires depuis des semaines. C'est aussi une des inquiétudes des investisseurs, des décideurs économiques et des marchés financiers, qui s'interrogent sur sa capacité à réformer.
"Je veux dès à présent construire une majorité de gouvernement et de transformation nouvelle", a déclaré dimanche le plus jeune des candidats en lice (39 ans), arrivé en tête du premier tour sans jamais être passé par la case élections, alors que son mouvement En Marche ! a tout juste un an.
La première condition est d'obtenir le score le plus élevé possible le 7 mai, au second tour, face à la présidente du Front national, estime Pascal Perrineau, du centre de recherche de l'institut de sciences politiques de Paris.
"Il ne peut pas se permettre de faire comme si tout était plié. Il faut qu'il se montre capable de créer une dynamique. Plus il rassemblera (au second tour), mieux il se positionnera pour les législatives", explique cet analyste.
Pour le constitutionnaliste Philippe Cossalter, ce n'est cependant pas une condition suffisante, une des difficultés d'En Marche ! étant que le mouvement trouvera face à ses candidats des "caciques" de gauche et, surtout, de droite bien implantés.
La droite, éliminée du second tour pour la première fois de l'histoire de la Ve République, entend faire des législatives de juin une sorte de match retour, dans l'espoir notamment de créer les conditions d'une cohabitation avec Emmanuel Macron.
La commission d'investiture d'En Marche ! pour les législatives, présidée par l'ancien ministre chiraquien Jean-Paul Delevoye, va mettre pour sa part les bouchées doubles.
"Nous sommes quasiment en train de boucler la totalité des circonscriptions et nous serons prêts à analyser toutes les évolutions politiques", a-t-il expliqué à Reuters. "Notre commission se réunira non stop mardi, mercredi et jeudi."
Emmanuel Macron a fixé quatre règles : la moitié au moins des candidats d'En Marche ! doivent venir de la société civile ou n'avoir jamais été élus députés, la parité hommes-femmes doit être strictement respectée, tous doivent s'engager sur les six chantiers présidentiels prioritaires et abandonner l'étiquette de leur parti d'origine pour adopter celle d'En Marche !.
Une exception pourrait cependant être faite pour les candidats venus du MoDem, dont le président, François Bayrou, a conclu une alliance avec l'ex-ministre de l'Economie.
Le pourcentage d'élus sortants de gauche ou de droite susceptibles d'être investis, comme le PS Richard Ferrand, secrétaire général d'En Marche !, ou l'écologiste François de Rugy, est encore "assez faible", selon Jean-Paul Delevoye.
Mais il augmentera probablement "au vu des positions qu'auront les uns et les autres cette semaine par rapport aux résultats du premier tour" de la présidentielle, ajoute-t-il.
"Je ne demanderai pas à ceux qui me rejoignent d’où ils viennent mais s’ils sont d’accord pour le renouveau de notre vie politique", a expliqué dimanche Emmanuel Macron.
Mais comme pour les ralliements d'avant le premier tour, le candidat et son équipe auront fort à faire pour séparer les "calculateurs" des "hommes et des femmes responsables", selon la formule de Jean-Paul Delevoye.
"Nous aurons une majorité. Nous avons déjà fait toute une série de simulations", assure-t-il cependant. "Il y a une très grande interrogation sur la fiabilité des accords électoraux passés par MM. François Fillon et Benoît Hamon."
Emmanuel Macron mise également sur des "majorités de projet" au coup par coup, sur des mesures ou des textes.
Plusieurs dirigeants des Républicains ont déjà donné des signes en ce sens, comme Jean-Pierre Raffarin ou l'ex-porte-parole de campagne de François Fillon Thierry Solère.
"Je pense qu'il faut voter les textes qui vont dans le bon sens", a déclaré celui-ci à RMC, tandis que le président de la région Paca, Christian Estrosi, proposait sur France 2 de "réfléchir à quatre ou cinq grandes réformes où il faudra dépasser les clivages partisans".
Emmanuel Macron a pour sa part déjà déclaré qu'il était prêt à gouverner par ordonnances ou à recourir à la procédure prévue par l'article 49.3 de la Constitution permettant de faire adopter des projets de loi sans passer par un vote.
A ceux qui douteraient de sa fermeté, Jean-Paul Delevoye adresse cet avertissement : "C'est quelqu'un qui n'est pas autoritaire mais qui sait faire preuve d'autorité."
(Avec Myriam Rivet, Sophie Louet et Michel Rose, édité par Yves Clarisse)© Thomson Reuters 2017 Tous droits réservés.
"Je veux dès à présent construire une majorité de gouvernement et de transformation nouvelle", a déclaré dimanche le plus jeune des candidats en lice (39 ans), arrivé en tête du premier tour sans jamais être passé par la case élections, alors que son mouvement En Marche ! a tout juste un an.
La première condition est d'obtenir le score le plus élevé possible le 7 mai, au second tour, face à la présidente du Front national, estime Pascal Perrineau, du centre de recherche de l'institut de sciences politiques de Paris.
"Il ne peut pas se permettre de faire comme si tout était plié. Il faut qu'il se montre capable de créer une dynamique. Plus il rassemblera (au second tour), mieux il se positionnera pour les législatives", explique cet analyste.
Pour le constitutionnaliste Philippe Cossalter, ce n'est cependant pas une condition suffisante, une des difficultés d'En Marche ! étant que le mouvement trouvera face à ses candidats des "caciques" de gauche et, surtout, de droite bien implantés.
La droite, éliminée du second tour pour la première fois de l'histoire de la Ve République, entend faire des législatives de juin une sorte de match retour, dans l'espoir notamment de créer les conditions d'une cohabitation avec Emmanuel Macron.
INVESTITURES
"Il faut se mobiliser pour obtenir une majorité de députés et engager la France dans un gouvernement de coalition ou de cohabitation", a ainsi expliqué le sénateur Les Républicains (LR) Alain Houpert, sur le site internet de Public Sénat.La commission d'investiture d'En Marche ! pour les législatives, présidée par l'ancien ministre chiraquien Jean-Paul Delevoye, va mettre pour sa part les bouchées doubles.
"Nous sommes quasiment en train de boucler la totalité des circonscriptions et nous serons prêts à analyser toutes les évolutions politiques", a-t-il expliqué à Reuters. "Notre commission se réunira non stop mardi, mercredi et jeudi."
Emmanuel Macron a fixé quatre règles : la moitié au moins des candidats d'En Marche ! doivent venir de la société civile ou n'avoir jamais été élus députés, la parité hommes-femmes doit être strictement respectée, tous doivent s'engager sur les six chantiers présidentiels prioritaires et abandonner l'étiquette de leur parti d'origine pour adopter celle d'En Marche !.
Une exception pourrait cependant être faite pour les candidats venus du MoDem, dont le président, François Bayrou, a conclu une alliance avec l'ex-ministre de l'Economie.
Le pourcentage d'élus sortants de gauche ou de droite susceptibles d'être investis, comme le PS Richard Ferrand, secrétaire général d'En Marche !, ou l'écologiste François de Rugy, est encore "assez faible", selon Jean-Paul Delevoye.
Mais il augmentera probablement "au vu des positions qu'auront les uns et les autres cette semaine par rapport aux résultats du premier tour" de la présidentielle, ajoute-t-il.
"Je ne demanderai pas à ceux qui me rejoignent d’où ils viennent mais s’ils sont d’accord pour le renouveau de notre vie politique", a expliqué dimanche Emmanuel Macron.
SIGNAUX
Une ouverture dont il a déjà commencé à sonder les possibilités à travers des contacts qu'il entendait poursuivre dès lundi, selon des membres de son entourage, citant notamment des élus Républicains proches du maire de Bordeaux Alain Juppé.Mais comme pour les ralliements d'avant le premier tour, le candidat et son équipe auront fort à faire pour séparer les "calculateurs" des "hommes et des femmes responsables", selon la formule de Jean-Paul Delevoye.
"Nous aurons une majorité. Nous avons déjà fait toute une série de simulations", assure-t-il cependant. "Il y a une très grande interrogation sur la fiabilité des accords électoraux passés par MM. François Fillon et Benoît Hamon."
Emmanuel Macron mise également sur des "majorités de projet" au coup par coup, sur des mesures ou des textes.
Plusieurs dirigeants des Républicains ont déjà donné des signes en ce sens, comme Jean-Pierre Raffarin ou l'ex-porte-parole de campagne de François Fillon Thierry Solère.
"Je pense qu'il faut voter les textes qui vont dans le bon sens", a déclaré celui-ci à RMC, tandis que le président de la région Paca, Christian Estrosi, proposait sur France 2 de "réfléchir à quatre ou cinq grandes réformes où il faudra dépasser les clivages partisans".
Emmanuel Macron a pour sa part déjà déclaré qu'il était prêt à gouverner par ordonnances ou à recourir à la procédure prévue par l'article 49.3 de la Constitution permettant de faire adopter des projets de loi sans passer par un vote.
A ceux qui douteraient de sa fermeté, Jean-Paul Delevoye adresse cet avertissement : "C'est quelqu'un qui n'est pas autoritaire mais qui sait faire preuve d'autorité."
(Avec Myriam Rivet, Sophie Louet et Michel Rose, édité par Yves Clarisse)© Thomson Reuters 2017 Tous droits réservés.
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