Qu'a dit précisément Jacques Attali
qui lui vaille le sévère recadrage – « Qu'il se taise ! » – du député
socialiste Richard Ferrand ? « Je ne voudrais pas que cette campagne se
réduise à des anecdotes. » Évoquant la situation des salariés de
Whirlpool menacés de plan social, on peut qualifier, au minimum, le mot
de maladresse. De la matière, en tout cas, à nourrir l'épuisante machine
à dérapages, bourdes, polémiques, recadrages, etc. Explication de texte
avec l'intéressé, qui continue, cette fois à propos des médias, à ne
pas mâcher ses mots.
Le Point.fr : Que vous inspire ce supposé « tournant » de la campagne, ces scènes à l'usine Whirlpool dont la délocalisation vous est apparue comme « anecdotique » ?
Jacques Attali : Ce pays compte 5 millions et demi de chômeurs, alors il est honteux et même criminel de laisser croire que la simple apparition d'un candidat sur un site en détresse puisse être une réponse. J'ai été extrêmement choqué de voir Marine Le Pen éprouver le besoin de faire des selfies avec ces salariés, exploiter leur détresse alors qu'on ne sait toujours pas comment elle entend régler les questions de fond. Or c'est cela qui compte. Chaque chômeur sauvé est évidemment une victoire. Mais régler des situations particulières, au cas par cas, ce n'est pas le rôle de l'État, pas le rôle d'un président de la République ! Le rôle de l'État, c'est de créer le cadre, les conditions dans lesquelles les entreprises vont pouvoir créer massivement des emplois. Un président ne peut agir que sur un contexte global. Ce que je regrette, depuis un an, c'est que la campagne n'a été qu'une succession de « cas particuliers ». Il n'a presque jamais été question des grands enjeux.
Pourquoi ? C'est la « BFMisation » de la vie politique ?
Non, il n'y a pas que BFM. C'est désormais, partout, le règne du spectacle, le jeu des « petites phrases », des « polémiques ». Mais il ne s'agit pas d'un jeu, il faut prendre les gens au sérieux. Or dès que l'on essaye de s'extraire de ce spectacle, on est transformé en cible.
En filigrane des réactions qu'a suscitées votre intervention, il y a l'idée que vous faites partie, un peu comme Emmanuel Macron, d'une élite intellectuelle et économique coupée des réalités de ce pays.
Pourtant je ne suis pas, loin de là, un héritier. Ce que je suis est le fruit de mon travail, et seulement de mon travail. Et je n'ai pas à nourrir de complexes quant aux études que j'ai faites. La méritocratie ne fonctionne pas bien, mais elle fonctionne encore. J'en suis un exemple, Emmanuel Macron en est un autre. Quant à la fondation que je préside, elle crée des milliers d'emplois en France et des millions à travers le monde. Je suis moi-même très souvent sur le terrain pour agir. Certes, loin des caméras…
Que vous inspire la tournure que prend médiatiquement l'entre-deux-tours ?
Nous sommes un peuple qui n'aime pas les vainqueurs. C'est ainsi, et c'est dans le fond assez positif, les Français prennent presque toujours parti pour le second, l'outsider. Cette campagne, où l'on a vu éliminés un à un tant de favoris, en a encore été la preuve. Emmanuel Macron, en tête, est attaqué et médiatiquement malmené d'autant plus violemment qu'il est un homme raisonnable, dont le programme est sérieux. Et puis je vais vous dire quelque chose qui ne va pas vous plaire. Depuis que Trump est au pouvoir, la presse et les médias américains n'ont jamais aussi bien marché. Alors je crois que dans l'inconscient des médias français, même si c'est inavouable, il y a un peu de cela : ils auraient tellement intérêt à ce que Marine Le Pen passe...
Source: lepoint.fr Violaine de Montclos
Le Point.fr : Que vous inspire ce supposé « tournant » de la campagne, ces scènes à l'usine Whirlpool dont la délocalisation vous est apparue comme « anecdotique » ?
Jacques Attali : Ce pays compte 5 millions et demi de chômeurs, alors il est honteux et même criminel de laisser croire que la simple apparition d'un candidat sur un site en détresse puisse être une réponse. J'ai été extrêmement choqué de voir Marine Le Pen éprouver le besoin de faire des selfies avec ces salariés, exploiter leur détresse alors qu'on ne sait toujours pas comment elle entend régler les questions de fond. Or c'est cela qui compte. Chaque chômeur sauvé est évidemment une victoire. Mais régler des situations particulières, au cas par cas, ce n'est pas le rôle de l'État, pas le rôle d'un président de la République ! Le rôle de l'État, c'est de créer le cadre, les conditions dans lesquelles les entreprises vont pouvoir créer massivement des emplois. Un président ne peut agir que sur un contexte global. Ce que je regrette, depuis un an, c'est que la campagne n'a été qu'une succession de « cas particuliers ». Il n'a presque jamais été question des grands enjeux.
Pourquoi ? C'est la « BFMisation » de la vie politique ?
Non, il n'y a pas que BFM. C'est désormais, partout, le règne du spectacle, le jeu des « petites phrases », des « polémiques ». Mais il ne s'agit pas d'un jeu, il faut prendre les gens au sérieux. Or dès que l'on essaye de s'extraire de ce spectacle, on est transformé en cible.
En filigrane des réactions qu'a suscitées votre intervention, il y a l'idée que vous faites partie, un peu comme Emmanuel Macron, d'une élite intellectuelle et économique coupée des réalités de ce pays.
Pourtant je ne suis pas, loin de là, un héritier. Ce que je suis est le fruit de mon travail, et seulement de mon travail. Et je n'ai pas à nourrir de complexes quant aux études que j'ai faites. La méritocratie ne fonctionne pas bien, mais elle fonctionne encore. J'en suis un exemple, Emmanuel Macron en est un autre. Quant à la fondation que je préside, elle crée des milliers d'emplois en France et des millions à travers le monde. Je suis moi-même très souvent sur le terrain pour agir. Certes, loin des caméras…
Que vous inspire la tournure que prend médiatiquement l'entre-deux-tours ?
Nous sommes un peuple qui n'aime pas les vainqueurs. C'est ainsi, et c'est dans le fond assez positif, les Français prennent presque toujours parti pour le second, l'outsider. Cette campagne, où l'on a vu éliminés un à un tant de favoris, en a encore été la preuve. Emmanuel Macron, en tête, est attaqué et médiatiquement malmené d'autant plus violemment qu'il est un homme raisonnable, dont le programme est sérieux. Et puis je vais vous dire quelque chose qui ne va pas vous plaire. Depuis que Trump est au pouvoir, la presse et les médias américains n'ont jamais aussi bien marché. Alors je crois que dans l'inconscient des médias français, même si c'est inavouable, il y a un peu de cela : ils auraient tellement intérêt à ce que Marine Le Pen passe...
Source: lepoint.fr Violaine de Montclos
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