tag:blogger.com,1999:blog-22781540.post1870722805856419061..comments2024-02-02T09:23:31.976+01:00Comments on le Blog de Pierre Ratcliffe: Cette semaine le Point sur Écologie : Les clowns, les vrais spécialistes et les autres…pratclifhttp://www.blogger.com/profile/01855445960855974402noreply@blogger.comBlogger3125tag:blogger.com,1999:blog-22781540.post-22047218008623347892020-07-08T15:39:58.932+02:002020-07-08T15:39:58.932+02:00Cette formule est un chef-d’oeuvre que n’eût pas r...Cette formule est un chef-d’oeuvre que n’eût pas renié Orwell pour son classique 1984. Prenons le temps d’y réfléchir un peu… « Un discours pragmatique », en quoi ? S’il n’est pragmatique que dans la mesure où il valide l’agriculture intensive, en ce qu’elle constitue le système concrètement en place à l’heure actuelle, on peut se demander si ce discours est véritablement constructif et donc s’il est pragmatique. Qu’est-ce que des « solutions technologiques acceptables » dans le futur, « par le plus grand nombre » s’il-vous-plaît, quand le plus grand nombre doute des solutions technologiques présentes, quand bon nombre d’entre nous doutent que la technologie soit susceptible de nous aider et quand certains se demandent si la technologie, qui a produit entre autres choses l’agriculture intensive, n’est pas justement l’origine du problème ? « Un discours […] qui peine à être entendu », nous dit-on ??? C’est pourtant le même discours répété depuis les années 1960… Cet article du Point, journal dont on sait qu’il ne véhicule que des idées profondément originales et prend toujours ses distances d’avec l’opinion des classes dirigeantes, veut nous faire croire que le discours dominant – celui des politiques, des technocrates, des journalistes et du grand capital – qui soutient que l’agriculture intensive est la seule solution raisonnable (« intensive » et « raisonnable »…) peine à être entendu… Décidément, les populations sont incorrigibles. Voilà des années qu’elles critiquent l’agriculture intensive et ne sont pas attentives aux spécialistes qui leur expliquent pourquoi c’est LA solution aux problèmes qu’elle semble elle-même causer. Ce discours éculé et lénifiant, auquel cet article participe, nous détourne systématiquement des sources de problèmes que le bon sens le plus élémentaire nous indique. Enfin, « Au-delà des cercles de spécialistes » ressemble à s’y méprendre à de l’hypocrisie tout en suggèrant que les gens sont des imbéciles. <br /><br /> Ainsi, les écologistes n’ont pas tous raison donc ils ont tous tort. Les spécialistes ont tous raison, en voici un qui dit ce qui intéresse le journaliste. Les autres spécialistes ne peuvent être que d’accord avec lui, sans quoi les spécialistes n’auraient pas tous raison. Et ce qui est acceptable pour les écologistes ne l’est pas pour les spécialistes… CQFD, le journaliste peut écrire : « ce discours [ – « seule l’intensification de l’agriculture préservera la biodiversité » – …] peine à être entendu au-delà des cercles de spécialistes ». D’abord, ça donne envie d’être spécialiste… Ensuite, on se demande comment l’agriculture intensive peut se pratiquer depuis soixante ans, compte tenu des difficultés qu’elle éprouve à se faire valoir dans les médias… <br /><br /> … Et auprès de nos politiques, car j’oubliais à dire que cette conclusion est aussi étayée par le refus de notre président actuel d'envisager la décroissance. C’est-à-dire que cette conclusion est idéologiquement capitaliste, qu’elle postule donc une croissance durable dans un monde fini et pourvu de ressources limitées. Aussi peut-on varier la formule à l’envie : seul le capitalisme peut sauver la planète, seul le capitalisme peut sauver le capitalisme, seul l’argent sauvera la planète et les gens qui vivent dessus (y compris les pauvres), puisque c’est bien de cela qu’il s’agit en fin de compte et de reconnaître que l’argent vaut mieux que la Nature ou l’humain, puisque en détruisant activement les deux, il finit en fait par les sauver de la misère. À ce stade, je n’ose affirmer que l’article soit malhonnête, même si cela ressemble à s’y méprendre à de la manipulation. Mais peut-être le journaliste est-il plutôt aveugle… Peut-être l’article a-t-il été écrit à la va-vite... Je plaide en faveur de la présomption d'innocence, mais je plaide également pour que les journalistes cessent de prendre leurs lecteurs pour des cons et qu’ils écrivent des articles de qualité sur des sujets aussi graves.Anonymousnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-22781540.post-44183441038407601782020-07-08T15:39:46.049+02:002020-07-08T15:39:46.049+02:00« Seule l’intensification de l’agriculture préserv... « Seule l’intensification de l’agriculture préservera la biodiversité. » Lire ça en 2020... Faut-il rappeler qu'agriculture intensive signifie monoculture céréalière, soit précisément le contraire de la biodiversité ? Faut-il rappeler que la monoculture céréalière est très gourmande en ressources (terres, eau, pétrole, ...) et qu'elle nourrit surtout du bétail, au contraire de la polyculture de fruits et légumes, laquelle produit beaucoup plus, avec plus de bras, il est vrai (ne sommes-nous pas en période de chômage ?), mais surtout avec moins de surface et moins de pollution ? « Seule l’intensification de l’agriculture préservera la biodiversité. » Faut oser tout de même. <br /><br /> Remarquons la stratégie générale de l'article qui réfute longuement le détail des idées préconçues du militantisme écologique tout en confirmant – très rapidement cette fois – les idées principales de ce même militantisme. Comprenez : les écolos sont des clowns, même s'ils ont raison sur les questions essentielles qui, par souci de lisibilité, ne seront pas traitées ici en détail… Remarquons également le recours à la faim dans le monde et à la misère, priorités jugées plus importantes que la conservation de notre planète… (faut-il rire ou pleurer ?) Cet escamotage permet un décalage de l'axe de l'article. Après une réfutation du lien entre agriculture intensive et destruction de la biodiversité, il suffit en effet de dire que c'est la pauvreté qui détruit la biodiversité. Donc l'agriculture intensive protège la biodiversité en réduisant la pauvreté. Logique non ? Il est vrai que, depuis que nous pratiquons une agriculture intensive, la biodiversité se porte le mieux du monde… Il est vrai aussi que la paupérisation de la paysannerie n’est en rien liée à la concurrence de l’agriculture intensive… <br /><br /> L'article nous rassure heureusement sur la pertinence de notre modèle de production agricole et culpabilise pianissimo les ménages qui achètent des steaks hachés et fustige leur désintérêt pour les pauvres. En clair, les ménages ont tort, mais le système a raison, qui les pousse à acheter des steaks. C'est même ce système, dont on dit qu'il détruit le monde, que les spécialistes préconisent pour le sauver. Il n'y a d’ailleurs qu'un seul spécialiste cité dans ce sens au moyen d'une citation décontextualisée. Est-ce maladroit ou plutôt habile ? Remarquons que la conclusion de l'article (« Seule l’intensification de l’agriculture préservera la biodiversité. ») qui, par prudence, se trouve dans cette citation de Sylvie Brunel, argument d’autorité puisque tiré de l’ex-présidente d’Action contre la faim, la lutte contre la faim étant un impératif moral que quiconque dédaigne sera évidemment jugé monstrueux, n'est en réalité étayée que par le jugement explicite du journaliste : « Un discours pragmatique, axé sur la recherche de solutions technologiques acceptables par le plus grand nombre, qui peine à être entendu au-delà des cercles de spécialistes ». Anonymousnoreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-22781540.post-64370924078543702802020-07-08T09:24:54.381+02:002020-07-08T09:24:54.381+02:00"Seule l’intensification de l’agriculture pré..."Seule l’intensification de l’agriculture préservera la biodiversité." Lire ça en 2020... Faut-il rappeler qu'agriculture intensive signifie monoculture, soit précisément le contraire de la biodiversité ? Faut-il rappeler que la monoculture de céréales est très gourmande en ressources (terres, eau, pétrole, ...) et qu'elle nourrit surtout du bétail, au contraire de la polyculture de légumes et légumineuses qui produit beaucoup plus avec plus de bras, mais moins de terres et moins de pétrole ? "Seule l’intensification de l’agriculture préservera la biodiversité." Faut oser tout de même. On remarquera la stratégie générale de l'article qui réfute longuement le détail des idées préconçues du militantisme écologique tout en confirmant - très rapidement cette fois - les idées principales de ce même militantisme. Comprenez : les écolos sont des clowns, même s'ils ont raison sur les questions principales que, par souci de lisibilité, nous ne traiterons pas ici en détail. On remarquera également le recours à la faim dans le monde et à la misère, priorités jugées plus importantes que la conservation de notre planète..., ce qui permet un décalage de l'axe de l'article. Après une réfutation du lien entre agriculture intensive et destruction de la biodiversité, il suffit en effet de dire que c'est la pauvreté qui détruit la biodiversité. Donc l'agriculture intensive protège la biodiversité. Logique non ? L'article nous rassure heureusement sur la pertinence de notre modèle économique et culpabilise pianissimo les ménages qui achètent des steaks hachés et leur désintérêt pour les pauvres. En clair, les ménages ont tort, mais le système a raison, qui les pousse à acheter des steaks. C'est même ce système, dont on dit qu'il détruit le monde, que les spécialistes préconisent pour le sauver. Il n'y a qu'un seul spécialiste cité dans ce sens au moyen d'une citation décontextualisée. C'est plutôt habile, je dois le reconnaître. Cependant, je remarque que la conclusion de l'article qui, par prudence, se trouve dans cette citation de Sylvie Brunel, argument d'autorité étayée par la lutte contre la faim, impératif moral que quiconque dédaignerait serait évidemment monstrueux, n'est étayée que par le jugement explicite de l'auteur de l'article : "Un discours pragmatique, axé sur la recherche de solutions technologiques acceptables par le plus grand nombre, qui peine à être entendu au-delà des cercles de spécialistes" ; et par le refus du président d'envisager la décroissance. À ce stade, je ne sais trop si l'article a été écrit trop vite ou s'il est véritablement malhonnête. Je plaide en faveur de la présomption d'innocence, mais je plaide également pour que les journalistes cessent de prendre leurs lecteurs pour des cons.Anonymousnoreply@blogger.com