Habituellement le 8 Mai, “des groupes entiers d’anciens combattants, de porte-étendards et d’élus locaux se rassemblent devant les monuments commémoratifs”, érigés en hommage aux hommes tombés au combat, rappelle Die Tageszeitung. Cette année toutefois, en raison du coronavirus, “la plupart de ces événements sont annulés ou limités à un minimum de personnes”.

Mais au final, “cela change-t-il quoi que ce soit pour les gens? s’interroge le quotidien allemand. La plupart sont de toute manière au chômage forcé.” Et “s’ils répondaient honnêtement, la plupart des Français admettraient que, pour eux, le 8 Mai n’était les autres années qu’un jour férié parmi les autres ; et qui, suivant d’une semaine le 1er Mai, leur permettait généralement de partir en week-end prolongé”.

Un sens perdu

En effet, déplore la TAZ, en France “cela fait longtemps que la signification et l’origine de ce jour férié, créé en 1953, sont devenues secondaires”. Il est vrai, reconnaît le journal, que “soixante-quinze ans après la fin de la guerre, il serait quelque peu dépassé de fêter le Jour de la victoire devant l’Arc de Triomphe”. En 1975 d’ailleurs, Valéry Giscard d’Estaing avait mis fin aux commémorations du 8 mai 1945. Il entendait privilégier une “fête de l’Europe” (qui a lieu le 9 mai) et favoriser davantage “l’esprit de conciliation”. Mais devant les protestations des associations d’anciens combattants, le Jour de la victoire a été rétabli dès l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand.
Au fil des années, “à l’instar du 6 juin [1944], jour anniversaire du débarquement des forces alliées en Normandie, le 8 Mai a souvent servi de rendez-vous pour la politique étrangère, notamment pour la réconciliation franco-allemande. Mais les cérémonies ont aussi été l’occasion de réaffirmer une amitié ou un rapprochement diplomatique après un désaccord”.

Méditer dans le calme du confinement

Cette année particulière sera-t-elle “l’occasion de méditer sur le sens de ce jour férié, dans le calme du confinement ?” s’interroge finalement Die Tageszeitung.
Peut-être, mais “pour l’heure une seule chose est sûre”, conclut le journal. C’est que “le président Macron se rendra comme d’habitude sur la tombe du Soldat inconnu pour y allumer en présence d’un comité restreint la flamme éternelle, souvenir inextinguible des horreurs de la guerre”.