18/02/2020

Il y a quelque chose de fichu au royaume de Macron, via @LePoint Franz Olvier Giesbert


À l'école de la malchance, comme dirait l'humoriste, M. Macron remporterait tous les prix. Observez comme tout semble se liguer contre lui. La haine forcenée, absurde, que lui voue une partie non négligeable des Français, des élections municipales qui s'annoncent désastreuses, la légèreté ou l'incompétence des siens, la déplorable affaire Griveaux.

« Soyez fiers d'être amateurs, » a dit, la semaine dernière, M. Macron aux députés de la majorité, alors qu'ils devraient, au contraire, en avoir honte. Dieu merci, nous ne vivons plus sous le règne de la gérontophilie radical-socialiste comme sous la IIIe République mais avons-nous vraiment gagné au change avec l'arrivée au pouvoir des pubères nombrilistes et nihilistes du macronisme ? Aucun esprit sensé ne peut le croire.
Bienvenue dans la République des ados. Eût-il été un professionnel de la politique, M. Griveaux se serait battu comme un lion, jurant son innocence contre l'évidence, comme le fit l'ancien président américain Bill Clinton. Autrement couillu, si j'ose dire, celui-ci réussit à se dépêtrer d'un dossier perdu d'avance, le Monicagate, sa relation extraconjugale de deux ans avec une stagiaire à la Maison-Blanche. Tout fut étalé sur la place publique : ses masturbations, le sexe oral, son jouet sexuel (un étui à cigare) et… le parjure. Eh bien, il s'en sortit. Souvent rattrapé par son passé de coureur et par des ex qui sortaient du bois, M. Clinton n'a jamais déposé les armes. Et il a toujours gagné.
Ancien lieutenant de DSK, M. Griveaux a préféré, après sa grosse bêtise, pleurnicher et dénoncer les réseaux sociaux, mettant ainsi au jour la filiation entre le strauss-kahnisme et le macronisme, deux systèmes de pensée où prolifère, pour caricaturer, le cynisme infantile de ceux qui considèrent que tout leur est dû. Mais leur puérilité est sans commune mesure avec celle, abyssale, de l'ultragauche dont une figure, l'avocat Juan Branco, auteur du best-seller Crépuscule, est mêlé à l'affaire. Complotiste, le pauvre chat croit vivre dans une dictature sanguinaire et multiplie les propos débiles, tout comme son ami, le « réfugié politique » russe, Piotr Pavlenski, par qui le scandale de la « vidéo » grivoise est arrivé. Les barbares ne sont pas seulement dans les « quartiers. »

Est-ce grave, docteur ? On peut trouver des éléments de réponses dans le livre très stimulant du psychiatre Maurice Berger, Sur la violence gratuite en France (1), qui sort des sentiers battus. Si les adolescents sont souvent hors de contrôle dans notre société, explique cet homme de terrain qui travaille sur les adolescents hyperviolents, ce n'est pas à cause de la précarité, de la ghettoïsation ou de « la violence sociale. » C'est notamment parce que la loi a de moins en moins de sens pour eux : « La réponse à l'illégalité est devenue très relative devant les tribunaux (comme la notion de gravité), et il faut qu'un mineur aille très, trop loin, pour rencontrer une butée qui lui permette de commencer à intégrer ce que signifie ce terme. »

Après l'enfant roi, voici le temps de l'ado roi incarné par tous les acteurs de cette histoire et jusqu'au délire par Piotr Pavlenski, multirécidiviste du coup d'éclat, qui a pu incendier les portes de la Banque de France sans être reconduit à la frontière. C'est ce sentiment d'impunité qui prévaut aujourd'hui, à tous les étages de la société, tandis que l'on assiste, par une stupéfiante inversion des rôles, au procès permanent de la police, toujours présumée coupable, comme si les black blocs ou les casseurs de l'ultragauche étaient nos nouveaux héros.
 
M. Macron n'est peut-être pas la solution, mais est-il vraiment le problème ? Depuis plusieurs décennies, les chefs de l'État sont à peine mieux traités que les pigeons vivants que l'on lâchait jadis dans les ball-traps, pour le bon plaisir des chasseurs du dimanche. Comme la plupart de ses prédécesseurs, l'actuel président a hallali tous les jours. Hargneuse et baveuse, la meute est sur les dents.

Tout fait ventre à cette horde déchaînée, et c'est à peine si l'on évoque les bonnes nouvelles comme la baisse substantielle du chômage (-0,7 % en 2019 pour tomber à 8,1 %), que l'on pourrait au moins imputer à ses réformes. À ce stade de haine de soi, notre cher et vieux pays, comme disait de Gaulle, a-t-il encore un avenir ? C'est une interrogation qui monte et force est de constater que les Français sont de moins en moins rares à répondre par la négative. Notre destin est encore pour deux ans entre les mains de M. Macron. Ce serait quand même bien qu'ils soient mieux, lui et les siens.
1. L'Artilleur.

Source lepoint.fr par Franz-Olivier Giesbert

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