21/02/2016

Roman thriller "Schiste Noir"; une façon originale de relancer le débat sur le gaz de schiste en France



Explorer le gaz de schiste en France mérite le débat Arnaud Chneiweiss

La dernière vague d'enquête du Cevipof sur l'état de la société française publiée en ce début d'année est passionnante et déprimante à la fois: on y trouve la confirmation de la "société de défiance" et du rejet sans précédent de la classe politique.
C'est inquiétant sur l'état de notre démocratie (qui ne fonctionne pas bien pour 67% des Français) et pour la croissance économique future, car une société qui n'a pas confiance en elle ne va pas prendre les risques nécessaires au développement économique.

On comprend ainsi à la fois la tentation du vote aux extrêmes constatée lors des dernières élections européennes ou régionales et la langueur de la croissance.

Face à cette situation, il faudrait pouvoir montrer aux Français que des transformations porteuses d'espoir sont à l'œuvre. Or nos concitoyens sont lucides et ont quelques raisons d'avoir perdu confiance:

La croissance est en berne depuis 2008 et le chômage à des niveaux historiquement hauts ;
Que sont devenus "le choc de simplification" et le "pacte de responsabilité" promis par le président de la République?

On parle depuis des décennies, Gauche et Droite confondues, de maîtrise de la dépense et de l'endettement public. Ils n'ont jamais été aussi élevés;

Réforme de l'éducation nationale, plus grande fluidité du marché du travail, réduction du "millefeuille administratif", sécurisation des retraites...Ces thèmes sont dans le débat public depuis...30 ans. Personne n'a eu le courage de s'y attaquer vraiment, à la différence de ce qu'ont fait d'autres pays européens, l'Allemagne notamment.

Pas étonnant dans ces conditions que la parole politique soit décrédibilisée.

Dans l'état actuel de la société française, c'est en affrontant clairement les problèmes que l'on redonnera confiance. C'est sans doute ce qui fait l'attrait d'Emmanuel Macron qui ose affronter des tabous (35 heures, travail du dimanche) et donner son opinion, même si elle n'est pas majoritaire.

Un autre tabou est dans l'actualité. Le Tribunal administratif a autorisé le 28 janvier Total à reprendre ses recherches en matière de gaz de schiste dans la région de Montélimar - à condition de ne pas utiliser la technique de la fracturation hydraulique, suscitant aussitôt un appel de la Ministre de l'Ecologie, comme si le simple fait de procéder à des recherches était déjà insupportable.

Le sujet est avant tout symbolique, et il est au cœur de mon dernier thriller économique, Schiste noir, qui vient d'être publié. Il mérite le débat et non des postures définitives.

Quelques remarques pour éclairer la question.

Il n'existe pas d'énergie parfaite.

Le nucléaire nous fait régulièrement peur, le charbon est de loin l'énergie la plus polluante, notre dépendance au pétrole pose des problèmes tant climatiques qu'économiques et géopolitiques, vive les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydro-électricité...) mais pour le moment elles ne sont pas prêtes à prendre la relève pour des raisons de coût et d'efficacité.

Dans ce contexte, le gaz est certes une énergie fossile, mais la moins émettrice de CO2 de toutes. L'exploitation du gaz de schiste n'est donc pas le mal absolu en soi.

Vive la recherche

Les critiques sur l'exploration du gaz de schiste se concentrent en fait sur la technique d'extraction aujourd'hui utilisée, la fracturation hydraulique. Cette technique pose effectivement beaucoup de questions (utilisation d'eau excessive, additifs chimiques qui peuvent polluer les sols, tremblements de terre induits...). Il faut donc favoriser la recherche pour en trouver une autre plus protectrice de l'environnement, et non s'interdire toute réflexion.

Avec une telle interprétation du principe de précaution, la France n'aurait jamais exploité le gisement gazier de Lacq, la Planète ne serait pas nourrie grâce aux révolutions agricoles et notre espérance de vie ne serait pas ce qu'elle est grâce aux progrès de la médecine.

Croissance et emploi

S'il y a des richesses dans notre sous-sol, dans la situation de croissance très faible où nous sommes et de chômage au sommet, pouvons-nous vraiment nous payer le luxe de les ignorer? Ceci alors que nous continuons à être complètement dépendants de nos importations de pétrole et de gaz? La reprise économique américaine après la crise de 2008 a été largement soutenue par la révolution énergétique de l'exploitation des gaz de schiste. En Europe, le Royaume-Uni n'a pas nos pudeurs et cherche à exploiter ses gisements éventuels.

Rompre notre dépendance géopolitique

Dernier argument: la France, pays des Droits de l'Homme, fait bien souvent profil bas face aux Etats dont nous dépendons pour nos approvisionnements énergétiques (pays du Golfe, Russie). Le fait que les Etats-Unis soient devenus auto-suffisants sur le plan énergétique grâce au gaz de schiste est également une révolution géopolitique. N'aimerions-nous pas nous trouver dans la même situation et retrouver une parole libre sur la scène internationale?

Alors oui il faut être soucieux de préserver notre environnement. Mais le sujet mérite mieux que des postures péremptoires, voire obscurantistes chez ceux qui veulent bannir toute idée de recherche.
Source: huffingtonpost.fr

Diplômé de Sciences Po, ancien élève de l'ENA, Arnaud Chneiweiss a débuté au Ministère de l'Économie et des Finances où il a essentiellement travaillé sur les questions européennes et internationales. Il fut notamment le conseiller pour les affaires européennes de Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius au moment du passage à l'euro (1997-2000). Il a poursuivi sa carrière dans le secteur de l'assurance, en tant que Secrétaire général et Directeur juridique du Groupe Scor (2001-2004), et membre du Comité Exécutif de Scor Vie (2004-05). Il est depuis janvier 2006 Directeur général adjoint de l'assureur mutualiste Matmut et Directeur du Cabinet du Président Daniel Havis. Il est par ailleurs membre du Conseil d'Administration de Sferen, la société de groupe d'Assurance Mutuelle unissant Macif, Maif et Matmut. 

3 commentaires:

  1. Les gaz de schiste ne seront pas la panacée pour la croissance ! Le pétrole a baissé de plus de 50% d'ou une économie de plus de 10 Milliards d'euros et cela n'a eu qu'un effet faible sur la croissance. Ce ne sont pas quelques millions TEP qui changeraient la donne ! Maintenant dans une démarche scientifique on pourrait faire des essais alternatifs d'extraction mais je ne vois pas comment on peut éviter la fracturation : il faut bien aller chercher le gaz où il est ! On parle d'autres fluides que l'eau pour fracturer mais le "propane" par exemple ne serait pas forcément mieux.... Mon opinion est qu'on ferait mieux de développer encore plus les économies d'énergie pour booster un peu la croissance (je ne vois que des aspects positifs alors que beaucoup de risques environnementaux resteraient liés à l'extraction du gaz de schiste dans une pays aussi densément peuplé que la France ). Personnellement je pense que nous en avons définitivement fini avec les croissances fortes. Ces 60 dernières années ont été une abération de l'histoire du au rattrapage des pays en voie de développement et au rattrapage de l'Europe vis à vis des USA.

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  2. @Pascal: Toute énergie vient du soleil commencé il y a 4.5 milliards d'années; ou presque, si on enlève l'énergie geothermique et nucléaire qui viennent du bigbang il y a 14.5 milliards d'années et de la formation des atomes, des plus légers aux plus lourds dont les atomes d'uranium instables, donc fissiles [lien: Univers].

    La vie est apparue sur terre on ne sait pas comment et pourquoi; elle s'est déveoppée depuis en se transformant sans cesse. Naitre, se développer jusqu'à maturation, se reproduire et mourir. Toutes les formes de vie des plus simples aux plus complexes, utilisent l'énergie du soleil pour exister, se développer et se nourrir; les végétaux transforment une des composantes de la terre, le CO2 gazeux de l'atmosphère, en carbone par la photosynthèse; les animaux se nourrissent des plantes à leur tour et construisent leur structure carbonée. Après la mort des plantes et des animaux, le carbone se concentre quelque part, et c'est ce carbone - charbon, pétrole, gaz - que nous utilisons comme sources d'énergie, en le retransformant en CO2. La photosynthèse consomme de l'énergie solaire pour transformmer le CO2 en Carbone; la combustion du Carbone produit du CO2 en restituant de l'energie. Rien ne se perd, rien ne se crée disait Lavoisier.

    Le rève des énergies renouvelables est d'utiliser l'énergie du soleil directemnt sans passer par la photosynthèse; Par le vent, les marées, le solaire thermique direct, ou l'effet photovoltaïque.

    - Jean-Marc Jancovici sur l'énergie
    - Sir Martin Rees: just six numbers
    - Darwin et l'origine des espèces
    - Biologie moléculaire: transmission de la vie; de la génétique à la civilisation
    - Origine de la vie | de Duve

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  3. Un rappel aussi sur notre planète de vie (awash with life) (lien).

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