02/02/2016

Mondialisation évolution dans la rupture




Nous vivons actuellement une nouvelle rupture pour le commerce mondial qui préfigure l’entrée dans une nouvelle ère de la mondialisation. Pour bien comprendre comment nous en sommes arrivés là, un retour historique s’impose. Je vais plus précisément suivre l’évolution du ratio exportations sur PIB mondial pour mesurer la réelle influence des échanges internationaux sur la croissance. 

Après un difficile démarrage au début des années 90, le commerce mondial monte en puissance à partir de 1994. Son envolée durant les 3 années qui suivent résulte pour partie de la synchronisation des différentes régions du monde, qui se placent peu à peu dans le sillage de la reprise américaine mais elle relève aussi de causes structurelles plus profondes : baisse des coûts de transports, de communication ainsi que du mouvement de libéralisation des échanges. C’est à ce moment aussi que prend racine le mouvement de délocalisations vers les émergents, mais surtout que monte en puissance une gigantesque vague de méga-fusions-acquisitions transatlantiques menées par les multinationales occidentales. La part des exports dans le PIB mondial franchit alors le seuil des 17% pour se rapprocher à deux dixième seulement de son record de 1980. En 1998, la crise des émergents provoque une première cassure. La sortie massive des capitaux va les plonger dans une récession brutale. Ce bref épisode, va pousser alors les émergents, dont la Chine, à adopter des stratégies délibérément mercantilistes et à accumuler des devises pour ne plus se faire surprendre. 

Survient ensuite la triple rupture des années 2000, avec la crise de la bulle internet, l’entrée de la Chine dans l'OMC fin 2001 et l’introduction des pièces et des billets en euros en 2002 qui va accélérer les échanges intra-européens. En quête de profitabilité et désireux de partir à la conquête des nouvelles classes moyennes émergentes, les multinationales occidentales, vont accélérer leur déploiement vers les BRICs. Les chaînes de valeurs s'allongent et se complexifient toujours plus : à la fin des années 2000, près de la moitié des échanges mondiaux se font alors dans le cadre de chaînes de valeur mondiales, contre 36% en 1995. Des évolutions dont les pays émergents sortent grands vainqueurs. 

Comptablement, les composants d'un même produit passent plusieurs fois les frontières, dopant les chiffres du commerce extérieur. La flambée des matières premières participe également à l’envolée de 89% des exportations en valeur sur la période 2000-2008. Bilan, le poids des exportations mondiales sur le PIB monde se hisse au niveau record de 25,2%. On ne le sait pas encore mais c’est le pic de la série, un pic jamais égalé depuis. La crise de 2008-2009 rebat les cartes. Le monde perd sa locomotive émergente. La production se recentre ainsi par grandes zones continentales, les chaînes de valeur raccourcissent. Un retour de balancier par rapport à la version la plus extrême du fabless, de l’allongement à outrance des chaînes de valeur. Surtout, l’apparition d’une nouvelle classe moyenne au pouvoir d’achat étendu, capable de supplanter celle des pays avancés dans les débouchés des firmes multinationale, a vécu. 

Désormais, la mondialisation est bicéphale avec d’un côté, un pôle, nord, occidental centré autour des Etats-Unis et de l’autre un pôle sud, articulé autour de la Chine. La « Chinamérique » a elle aussi vécu et nous sommes bien dans une phase de « désintrication » avec ses conséquences en cascade sur l’évolution des exportations mondiales. Le poids des exportations dans le PIB mondial reflue. Ce n’est pas seulement la trace de la chute du prix des matières premières mais bien celle d’un basculement vers une nouvelle phase de la mondialisation.

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